Si l'importance d'informer Hope sur cette entité errante dans le cœur de la Nouvelle-Orléans était primordiale, elle n'était pas nécessaire d'être prescrite pour aujourd'hui. Ce jour était spécial afin d'apporter un moment paisible à notre lien familial, où nos deux âmes créaient une normalité de ce monde humain. Elle n'avait nul besoin d'un éclair de surnaturel après la mise en place d'un spectacle sanguinaire à l'église, elle méritait ce moment de sagesse pour faire taire ses tourments l'espace d'une toile. Je ne quittais pas le chevalet aux mots attendrissants de Hope, simplement, un faciès crispé traduisant le malaise se dessinait sur les courbes de mon visage. Non pas parce que, ce n'était pas agréable à entendre mais le dialecte pudique avait tissé dans le fond de mon cœur une barrière impénétrable à cause de cette faucheuse, encore un peu plus. La concentration de mon pinceau éblouissant la gestuelle de ma main provoquait un acheminement stagnant dans la paix, néanmoins, le bruit de ses pas s'approchant de ma silhouette, me firent instantanément pivoter le corps face à elle, suite à ses propos.
Je posais délicatement le pinceau dans l'encrier et fronçais durement les arcades sourcilières :
« Pourquoi cette réflexion Hope ? Dans toute ton essence, il arrivera toujours la déception pour ton entourage, mais ce comportement ne fera pas de toi, une mauvaise personne. Tu feras des choix judicieux ou le contraire, le plus important est d'apprendre à vivre de ses erreurs et ainsi, de ne pas créer les mêmes tourments. Je suis mal placé pour te susurrer ses mots raisonnables, mais jamais, je ne serais déçu de toi, ni ta mère. » ponctuais-je d'une voix caractérielle.
Une main caressait lentement les plis de ma fine barbe imposée depuis quelques jours ainsi, un fin sourire complice s'illuminait :
« Veux-tu pendant quelques heures, ne pas ressasser ton passé et voir un avenir plus lumineux ? Juste l'espace d'un court instant ? Vivre, sourire, s'amuser sans réellement porter tout le poids du monde à cause de ton esprit torturé ? » arquant les sourcils pour approfondir cette forme de conviction.
J'attrapais du bout des doigts, de nouveau, le pinceau que je tendais à ma fille :
« Nous avons tellement de points communs, dont la mort. Essayons de créer une harmonie sereine au seing de cette famille brisée. Alors maintenant, si tu pouvais dessiner une facette plus explosive et ne pas revêtir un certain pessimiste. Tu es la joie de vivre des Mikaelson, l'étincelle qui brille. Ne l'oublies jamais et je serais toujours là, à présent, pour te rappeler combien tu mérites d'être épanouie et fière de ce que tu es. » élançant un sourire plus sincèrement profond.
Si la timidité de ses mots avait reculé ma carapace, je me devais de démontrer à ma fille son éclat dans ce monde, dans mon monde. En effet, elle avait vécu avec l'absence de ses parents oubliant la force de cet amour inconditionnel pour porter en elle, une confiance insaisissable.
Q uelque chose clochait dans cette ville depuis un moment déjà, à dire vrai, elle n'a jamais été normale. Un peu comme Mystic Falls, la Nouvelle-Orléans n'était en rien synonyme de calme, les Êtres surnaturels envahissait la ville de jour comme de nuit. Peut-être était-ce une des raisons pour laquelle j'avais préféré sortir de cet environnement à la mort de mes parents, bien que tout avait rapidement déraillé. Mes états d'âmes jouaient comme des montagnes russes depuis que j'avais remis les pieds ici, dur de l'expliquer concrètement, mais je n'avais pas exactement apprécié. Déjà que j'avais horreur de perdre le contrôle sur moi-même, cette entité dont mon père m'avait brièvement parlé tout à l'heure semblait s’amuser vivement avec les habitants d'ici.
Depuis que j'ai mit les pieds au manoir familiale, je me sentais encore plus faible que je l'étais en revenant à moi après l'épisode de l'église, mais j’étais beaucoup trop orgueilleuse pour en faire part de vive voix à mon père. Bien que mon corps avait fini par le démontrer de lui-même, sans mon consentement. En m'appuyant doucement contre la surface derrière moi, j'avais pris un instant pour reprendre mon souffle, mes esprits comme j'étais un peu embrouillée. Alors qu'en regardant mon paternel dans les yeux, je ne pouvais m'empêcher de penser que je n'avais fait que les décevoir de l'autre côté avec mon parcours rocailleux. Bien qu'en réalité ça ne semblait que démontrer la vie des Mikaelson dans leur ensemble, je ne faisais pas exception, il fallait croire.
- Tu as sûrement raison, mais je ressentis que ça fait ... Commençais-je. Simplement, l'idée de déplaire d'une quelconque façon me semble, je ne sais pas comment le dire, et même si je sais pertinemment que je ne dois pas vivre pour les autres, mais pour moi-même.
Mes idées étaient légèrement embrouillées et pourtant, je me refusais d'admettre que j'étais plus fatiguée actuellement puisque j'avais l'impression que ça signifiait que je devais admettre être vulnérable. Et même si d'une certaine façon ça se trouve à être vrai avec ce qui rôde en ville, je préférais nier les faits vu ma ténacité à m’entêter. Les paroles de mon père face à cette vision de la vie que je devais me permettre de voir à nouveau comme l'enfant que j'étais autrefois, me laissait pensive un long moment. J'avais conscience d'avoir fait des erreurs et pourtant, je devais me permettre d'avancer, de me dire que mon passé ne devait pas influencer qui j'étais, qui je voulais vraiment être.
- Je suis peut-être perdue en ce moment, mais je ne suis pas malheureuse, lui affirmais-je. Certes, plusieurs choses ont manqué à ma vie, mais je suis toujours parvenue à garder la tête haute, même dans mes moments les plus sombre. J'imagine que cette force, je la tiens de la famille, avais-je renchéri.
L'esquisse d'un sourire avait pris place à la commissure de mes lèvres lorsqu'il se confia sur cette place que j'occupais au sein de la famille, bien que je savais que ce genre de dialogue n'était pas des plus traditionnels pour lui, j'admirais son courage d'affronter ces émotions. Mon père n'avait jamais été réellement reconnu pour sa facilité à s'ouvrir émotionnellement, pourtant avec moi, il avait toujours été un peu différent.
- Je ne sais pas comment tu es revenu, réellement ... Mais je suis heureuse que tu sois là, finis-je par avouer.
Codage par Libella sur Graphiorum
Sujet: Re: It's all going to be okay, i promise | Hope Ven 14 Fév - 0:45
De retour sur la terre poussiéreuse après des années de liberté dans le creux de la faucheuse, je demeurais être un automate à danser avec le feu jusqu'à l'agonie d'une vie de fer. Je courrais avant que la clepsydre ne détienne le refuge de mes pensées afin d'éteindre le cristal servant à ce corps robotique à l'instar d'une société étriquée. Je noyais le sang dans la rouille des vestiges d'une essence bafouée et d'un sacrifice inutile. Je respirais l'air cancéreux des âmes errantes dans notre monde pour y apercevoir dans leur regard, cette amertume créent leur perdition, même dans les iris de ma fille. J'avançais pour ne jamais reculer d'un passé chaotique où les souvenirs ne possédaient qu'un goût indélébile, inondable. Le temps défigurait la parfaite esquisse d'un miroir brisé pour l'anéantir dans la noirceur la plus profonde, telle était notre destinée. Hope avait cette tendance à tenir de sa tante Rebekah avec cette étincelle d'humanité, ce petit tourbillon qui échafaudait sa vision des choses et par conséquent, une certaine forme de remise en question sur elle-même. Elle touchait un point sensible, le regard des autres était une caractéristique humaine et surtout obligatoire dans toutes les traversées. C'était à la fois, touchant, humble, et d'un autre coté, futile, néanmoins peut-être que ce monde là offrait à Hope une belle échappée contrairement à l'aura qui était destructrice.
Un sourire timide s'élançait sur mes lèvres pour rétorquer d'une voix plus douce où l’inquiétude effleurait mes mots :
« Tu as un cœur cruellement humain Hope. Ce n'est en aucun cas, une faiblesse, et se soucier des autres n'engendre pas un tord, mais une prise de conscience. Dans un moment, précis de notre essence, on cherche à plaire pour ne pas décevoir, néanmoins, on oublie d'être soi-même avec nos défauts et nos qualités. Si tu dois porter une évolution, c'est pour toi, seule. Nous sommes personne pour juger les actes, les paroles si nous ne possédons pas toutes les cartes dans le creux de notre opinion. Tu es grande, tu sais te responsabiliser et surtout, suis ton instinct, il sera ta meilleure arme pour cette vie. Peu importe si tu te trompes, tu emprunteras un chemin où sa finalité sera toujours la lumière même dans l'obscurité. » courbant une expression moins passive.
Mon rictus s'illuminait pour une prose plus fière tandis que ma main attrapait doucement la sienne pour déposer celle-ci sur sa poitrine, là où son cœur rythmait :
« La famille, c'est le pouvoir Hope. C'est une chose que je ne mets pas en pratique ou silencieusement, mais chaque membre de cette fratrie possède son rôle pour combattre ensemble tous nos démons. La séparation a été dure quand nous avons fait le choix de prendre le Hollow, et bizarrement, dans cette triste affaire, elle a démontré sa puissance avec ce manque indomptable. Maintenant, si tu te décidais à terminer l'œuvre ? Elle appartient, désormais à ton présent et ton futur, c'est à toi de colorer ton monde par ton sourire et ton entêtement. » embrassant sa joue et brusquement, je reculais pour croiser les bras et observer le chevalet. Pourquoi brusquement ? Encore une fois, cette pudicité.
La vibration de mon téléphone froissa la poche de mon pantalon et une urgence s'exprimait dans ce message douteux. Je laissais donc Hope continuer sa peinture après lui avoir offert un regard rassurant et dans un éclair rapide, je disparaissais pour retrouver mon informateur.
