The Lonely Wolf - Abigail O'Connor

Le loup solitaire, celui qui ne côtoie personne, celui qui reste seul. Par choix ou non. Je dirais que c’est par choix, je n’ai jamais eu réellement besoin de me sociabiliser, et ceux d’aussi loin que je puisse m’en souvenir. C’est drôle d’une certaine manière, cela me permet d’entendre certaines choses que ceux en groupe n’entendent pas.
J’ai eu le droit à tout les titres, la zarbi, la sans-ami, la sorcière, la folle. Mais pour certains j’étais juste l’inconnue ou O’Connell et en un sens ce n’était pas plus mal.

La majorité du temps, je sais rester calme, j’ai appris à le rester, à encaisser la journée pour me défouler par la suite. Si je n’avais appris, qu’aurais-je été capable de faire à chaque regard de travers, à chaque insulte contre ma personne ou contre une autre. Qu’aurais-je été capable de faire si je laissais la louve sortir ?

Ils disent que je suis aussi froide que la glace, que c’est pour ça que je n’aurais jamais de petit copain. Tant mieux je n’en veux pas. A chaque fois que j’entend cette phrase je les regarde de mes yeux de glace, et même le plus dur d’entre eux finir par être gêné.
Je suis honnête et franche, parfois trop d’ailleurs avec ceux qui essaient de m’approcher, je ne leur dis pas ce que je suis mais je leur dis ce que je pense d’eux. Même s’ils n’ont pas envie de l’entendre. Quand ils pensent me cerner je les manipule pour les mener sur un chemin totalement faux, c’en est presque amusant.

Je suis une survivante, la dernière d’une meute disparue ; je n’assume pas cette générosité qui m’anime parfois, je n’assume pas ce trait de caractère que m’a enseigné mon grand-père et qui lui as couter la vie. S’il ne l’avait pas été, lui et la meute seraient ‘il encore en vie ?

Personne ne saura qui je suis réellement, cette jeune femme généreuse, honnête, franche, parfois orgueilleuse parfois modeste, parfois drôle parfois non. Personne ne m’entendra chanter ou jouer du piano, rire devant une comédie ou pleurer parce que le poids sur mes épaules devient trop lourd à porter. Personne ne saura qui je suis car le loup solitaire reste seul.

Ils disent qu’avec le temps…la douleur s’efface. Pourquoi la mienne ne s’efface pas…

« Je suis née en pleine nouvelle lune dans les plaines du Sud-Ouest de l’Ireland, là où les hommes n’osent pas s’aventurer, c’est trop loin des grandes villes alors ils ne viennent pas avait dit mon grand-père. Chef de meute et père de ma mère. Lui comparé à mon père ne m’a jamais reprocher le décès de cette dernière, de toute façon, comme le si petit-être que j’étais avait pu la tuer ? Elle était morte en couche et nul n’y pouvait rien.
De toute façon, il n’était pas resté, une semaine que je vivais et il était déjà parti pour Dublin où il s’est tué au volant d’une voiture avec un peu plus de 3g d’alcool dans le sang. C’est seanmháthair(grand-mère) et seanathair (grand père) qui m’ont élévé. J’ai appris à me battre, à rester calme face aux paroles et aux gestes des autres, à savoir quelle heure il était sans même avoir de montres, le mouvement de astres, le gaélic notre langue natale, l’anglais, le français et même un peu d’islandais grâce à la vieille Nan.
16 année merveilleuse… jusqu’à ce jour d’hiver.

Je revois encore cet homme grand aux cheveux blonds et au regard froid, demander asile à seanathair alors que la tempête faisait rage. Je ne le sentais pas, il n’avait pas ma confiance. Pourquoi a-t-il fallu que grand père accepte ?

Pourquoi me suis-je réveillé à ce moment-là ? Était-ce l’odeur de brûlée qui avait envahi mes narines ? Ou les cris de douleurs de la meute ? Mon corps avait avancé tout seul à l’extérieur de ma chambre, simplement pour me retrouver face à un mur de flammes. Re rentrer pour sortir par la fenêtre, tomber dans la neige froide pour avancer silencieusement, les cris encore les cris. Puis le corps de grand-mère, et de grand père, les larmes qui coulent sur mon visage alors que la neige s’est tapie de rouge. Et lui, l’homme au milieu d’un groupe d’humain, des chasseurs. Des meurtriers. Pourquoi ont-ils fait ça ?!?
Ce n’est pas lui que je tue la première fois, simplement un de ces sbires, et je souffre durant des heures au milieu des miens alors que mon corps change. C’est douloureux, mais cela ne le sera jamais autant qu’être la seule rescapée de toute une meute. Je leur donne les funérailles qu’ils méritent, parce qu’ils étaient ma meute, et que je suis la louve solitaire, la rescapée.

Lorsque mon corps change la deuxième fois je l’ai retrouvé. Il est à moi et il meurt sous les crocs de la louve ; et au petit matin, la neige est encore une fois rouge, leurs corps dispersés. La meute est vengée.

C’est drôle comment un simple cours peut faire remonter des souvenirs enfouis au plus profond de soi-même. De toute façon, ce cours serait le dernier et ce n’en était même pas vraiment un. Juste un rend vous pour fêter l’obtention de notre diplôme.
Demain je partirais d’Irlande pour la Nouvelle Orléans, certains diront qu’à 18 ans c’est trop tôt, mais j’ai besoin de changement. Pourquoi cette terre en particulier ? Un simple hasard quand mon doigt est tombé dessus sur le globe. »

Cela faisait deux ans que j’avais écrit ces mots sur le carnet de ma grand-mère, carnet qui était enterrer à ses côtés. Pour qu’elle sache où j’allais, et aujourd’hui, alors que je parcourais les rues de la Nouvelle-Orléans à la recherche d’un nouveau logement après avoir été expulsé du dernier je me posais une simple question… Avais-je bien fait ?