Comment croire au retour soudain ? [Hope/Hayley]

La Nouvelle-Orléans n'était pas reconnue pour être une ville très calme, bien au contraire, c'était une ville qui ne manquait pas de vie. Il y avait beaucoup plus d'activités ici que les gens l'imaginaient, tout un monde qu'ils ignoraient. Il m'était arrivé à l'occasion de me demander si vivre dans le l'ignorance de cet univers aurait pu être une belle expérience, cependant, j'étais loin d'avoir une vie qui me permettait cette vision. Je ne regrettais en rien mon parcours, même si au fond de moi, j'aurais préféré qu'il soit différent sur bien des aspects, commençant par la présence de mes parents. Ma jeunesse a été brisée par l'absence de mon père afin qu'on puisse me garder en sécurité, puis lorsque j'ai cru que tout ça était derrière nous, le début de ma vie de jeune adulte à été anéantit avec des sacrifices, une fois de plus dans le but de me protéger. Je suis jeune, j'ai l'avenir devant moi, mais en aucun cas, je perçois ma vie plus importante que celle d'un autre, bien au contraire, j'avouerai même. Est-ce que cela serait causé par le fait que mes proches ont cette fâcheuse manie de me protéger quoi qui leur en coûte ? Peut-être, qui sait. C'est d'ailleurs ce qui m'a conduit vers cette aventure périlleuse qu'est la mort quelques mois plus tôt. Mon retour était différent, mais il m'était difficile de faire la différence avec avant, en dehors du fait que j'avais tendance à être un peu plus susceptible et colérique.

J'avais profité de cette journée plus grisonnante pour rendre visite au Bayou, chose que je n'avais pas exactement l'habitude, puisque normalement, j'essayais d'éviter cet endroit le plus possible. Une fois, là-bas, j'étais resté en retrait un long moment, complètement figé, j'ignorais quel insecte m'avait piqué pour me conduire jusqu'ici. Je voyais les jeunes garçons de la meute s’amuser en se chamaillant ensemble alors que les jeunes filles jouaient à la poupée un peu plus loin. Je n'avais pas eut la force de faire le pas vers eux pour leur dire bonjour, j'avais donc opté pour me rendre à l'ancienne maison de Mary. Malheureusement pour moi, celle-ci n'était pas à la maison. Je m'étais donc assied au bout du quai afin de faire le vide, profiter de l'ambiance calme de l'endroit. Être seule m'aidait à faire le point sur mes émotions, et ces temps-ci, je devais admettre que c'était un peu chaotique. Je repensais à mes retrouvailles avec Freya, ce qui s'était dit au sujet de ma mère, les sentiments qui me partageaient entre la petite fille que j'étais et la femme que j'étais devenue. Qui ne voudrait pas avoir une seconde chance avec sa famille ? Cependant, une seconde chance qui peut rapidement revirer en cauchemar lorsque l'on prend conscience du cycle de la vie. J'avais froncé les sourcils lorsque j'avais entendu mon prénom dans un léger murmure, cette voix, je la reconnaîtrais entre mille.

- Maman ? Soufflais-je tout bas, avant de me redresser.

Bien qu'on dise que la voix est l'une des premières choses que l'on oublie d'une personne, j'avais reconnu celle de ma mère, et cela, malgré les années écoulées. Alors que je me retournais, je l'apercevais un peu plus loin, face à moi, les bras grands ouverts. Aussi méchant, cela pouvait sembler, j'aurais préféré qu'elle ne soit pas ici, non pas parce que je ne désirais pas la revoir, mais parce que je savais qu'elle avait trouvé la paix où elle était. Je savais qu'elle n'était pas seule dans la mort, qu'elle était heureuse, je l'avais vu. J'avais complètement été incapable de me diriger vers elle afin de la serrer dans mes bras, mon corps entier avait simplement figé.

- Tu ne devrais pas être ici… Avais-je dit en brisant mon long silence interminable.

Je ne savais plus comment réagir, je ne savais plus ce qui était bien et ce qui ne l'était pas. On m'avait tant répété que la nature avait un certain cycle à respecté, mais le retour des morts en ce moment, allait faire tout renverser, je m'imaginais déjà l’apocalypse arrivé. Le mauvais maintient de l'équilibre avait été la cause de la brutale séparation de ma famille et maintenant, voilà qu'un nouveau déséquilibre tentait de reconstituer l'histoire passé. Cela ne présageait rien de bon.

Certes, les dernières années de ma vie n'avaient pas été des plus joyeuses, mais je ne pouvais pas dire que tout était un véritable fiasco non plus. J'avais vécu des moments plus sombres, mais aussi des moments plus joyeux et je savais pertinemment que je ne devais pas me laisser définir par les difficultés que j'apprenais à surmonter. J'étais peut-être en partie brisée, mais je n'étais pas faible pour autant. Je fréquentais l'école Salvatore, qui m'avait permis de garder la tête hors de l'eau lorsque j'avais l'impression que je me noyais en permanence, Alaric était devenu indirectement cette figure parentale que j'avais eut besoin pour rester sur la terre ferme. Sauf que ces dernières semaines semblaient plutôt chaotiques pour moi, tant de changement à nouveau en si peu de temps, je ne savais plus exactement où me situer. J'avais longuement discuté avec Freya de ce voile qui s'était lever laissant les morts revenir à leur guise, si leur destin le permettait, rien de tout cela n'était approprié, ça ouvrait clairement une faille surdimensionnée sur le monde des humains. La nature ne tarderait pas à réagir et cela ne promettait rien de beau à voir. J'angoissais un peu à l'idée de tout perdre ce que je retrouvais à peine, je craignais que d'accepter le retour des gens que j'aimais vienne me détruire une nouvelle fois s'ils venaient à disparaître de nouveau. Je savais que je pourrais pas le supporter une seconde fois, c'était beaucoup trop la première fois, donc la simple idée que cela puisse arriver encore me tétanisait.

Alors que je traînais dans le bayou afin de discuter avec ma mère, ou du moins, psychologiquement, j'avais l'impression que cet endroit me connectais plus facilement à elle. C'était l'endroit où moi, comme tous les membres de la meute du croissant lui avaient fait nos au revoir. Ce soir-là me chagrinait encore, j'avais promis à mon père que je réglerais nos problèmes afin que nous puissions être plus unis que jamais et je n'y étais pas réellement parvenu vu la suite des événements qui avait eut lieu. Je n'étais pas revenu ici depuis ce fameux soir où nous avions dit au revoir à ma mère, cela m'avait mis la boule au ventre, de me dire qu'elle n'était plus là. Peu après sa mort, j'étais revenue quelques fois, uniquement dans le but de discuter, raconter ce qui se passait, j'avais cette impression que cela soulageait un peu ma conscience, comme si elle était toujours avec moi. Aujourd'hui, je revenais faire un peu la même chose, j'avais besoin de ma mère, besoin de voir clair dans tout ce qui arrivait alors que tout s'assombrissait à nouveau.

Cependant, lorsque j'entendis la voix de ma mère derrière moi, j'avais complètement figé, secouant vaguement la tête pour finalement me relever face à elle. Je la regardais au loin, se rapprocher doucement, visiblement des plus fières de me voir alors qu'au fond de moi, je partageais ce brin de bonheur, mon corps entier démontrait l'inverse. Cela ne pouvait pas être réel, elle ne pouvait pas, elle aussi franchir ce voile entre la mort et la vie, la dernière fois que notre route s'était croisé dans l'aspect astral de la mort, elle était bien. Elle était heureuse et surtout, elle n'était pas seule, elle avait Jackson avec elle, pourquoi être ici. Elle m'avait promis qu'on ne se reverrait pas de si tôt, qu'elle voulait que je profite de ma vie et elle revenait vers moi. Je restais de marbre, alors que j'avais qu'une envie, m'effondrer complètement. Elle ne pouvait pas avoir fui ce bonheur qu'elle avait, cette paix qu'elle avait trouvé auprès de Jackson et les autres.

- Je ne peux pas… Ça n'aurait pas dû arriver, tu étais heureuse, repris-je, d'une voix brisée.

Ma conscience avait quelque peu été apaisé de savoir qu'elle ne m'en voulait pas d'avoir agi comme je l'avais fait, même si cela avait causé sa perte parce qu'elle avait trouvé la paix de l'autre côté. Auprès de gens qu'elle appréciait, qu'elle respectait. Qu'est-ce qui s'était passé pour que tout le monde revienne ainsi ? Encore tant de questions qui restaient sans réponse.

- Je sais, mais je ne comprends pas. Ce n'est pas normal tout ça…

Mon regard s'embrouillait légèrement, je détournais la tête vers l'eau concentrant mes pensées sur le son des vagues. Je devais garder mon calme, je ne pouvais pas me permettre de perdre le contrôle, pas maintenant. En relevant la tête vers ma mère, je lui adressais un léger sourire, bien que je me sentais horrible de la repousser alors qu'au final, elle n'était en rien responsable de tout ce qui arrivait. Je m'étais rapidement dirigé vers elle afin de la serrer contre moi, sans dire quoi que ce soit, j'avais simplement besoin de savoir que c'était bien vrai, qu'elle était réellement là.  

Depuis que je suis petite, la forêt représente une grande partie de moi, d'aussi loin que je me souvienne, elle m'a toujours permis de me ressourcer lorsque j'en avais besoin. Sentir les biens faits de tout ce qui m'entoure, la nature qui fredonne un air apaisant avec le chant des oiseaux, la brise qui nous berce doucement vers cette tranquillité d'esprit absolue. Les animaux se soucient sûrement plus de cet endroit que l'Être humain en général, puisque nous avons cette fâcheuse manie, nous les humains, d'entraîner ce qui nous entoure dans cette tornade auto-destructrice que peut devenir notre vie en un claquement de doigt. Lors de petits moments d'égarements, j'avais moi-même réussis à créer un paradis artificiel de cet endroit que j'avais tant fréquenté étant plus petite et j'avais par la même occasion été la raison de sa destruction puisque j'ai cette fâcheuse manie de détruire ce qui m'entoure. Du moins, longtemps, j'ai pensé comme tel, aujourd'hui, je voyais les choses sous un autre angle ; j'étais doué dans l'art de prendre de mauvaises décisions.

Je me retrouvais de nouveau face à ma mère, après plusieurs années et la seule chose constructives que j'avais trouvé à lui dire, c'était qu'elle ne devrait pas être là. Quelle fille modèle je faisais ! Son expérience parmi les non-vivants avait dû être éprouvant et moi, je devais en rajouter en lui laissant savoir qu'à un certain moment elle avait su trouver la paix, qu'elle ne pouvait simplement pas être ici, c'était contre nature. J'avais cette part de moi qui voulait simplement se protéger d'être anéantie une nouvelle fois, qui prenait souvent le dessus malheureusement. Je regardais longuement ma mère devant moi, incapable de faire un pas vers elle, complètement tétanisé. Comment pouvait-elle avoir oublié ce bonheur qu'elle avait réussi à trouver de l'autre côté ? Pourquoi je me souvenais vaguement de ce que j'avais pu vivre moi ? Bien qu'en y repensant comme il le faut, je ne savais pas grand chose de ce temps que j'ai passé de l'autre côté non plus, ni même ce qui m'y avait réellement conduit. Je sentais mon angoisse montée, alors que j'avais fait lever le vent autour de nous, sans réellement le vouloir.

J'avais finalement cédé à cette petite fille en moi qui ne désirait qu'une chose, retrouvée les heures perdues avec sa mère, cette même petite fille qui se sentait toujours en partit responsable de sa mort malgré les années passés. Certes, j'avais appris à vivre au travers de ce sentiment de culpabilité, mais il ne m'avait jamais réellement quitté. J'avais couru dans les bras de ma mère afin de la serrer contre moi, pour combler cette sensation d'incompréhension, se vide que son absence avait créer. J'atténuais ces vents que j'avais provoqué pour retrouver ce calme qui régnait sur le bayou quelques minutes avant. C'était difficile de gérer ce qui se passait dans ma tête, lorsque tout s'embrouillait, mes dons aussi et ça devenait un fouillis désastreux.

- Je suis tellement désolée maman… J'ai… Je ne sais plus quoi penser, affirmais-je, confuse.

Maintenant cette étreinte un long moment, sans dire quoi que ce soit de plus constructif, je me retenais pour ne pas fondre en larmes, je ne pouvais pas me le permettre avec tout ce qui m'arrivait ces jours-ci. Je relevais la tête vers elle afin de croiser son regard vitreux, en secouant la tête, elle n'avait pas le droit de pleurer peut importe si cela était des larmes de joie.

- Tu ne devrais pas pleurer, la vie est trop courte pour cela, avais-je ajouté. Comment … Comment es-tu revenue ..? Demandais-je, dépassée par la curiosité et l'envie de comprendre. 

Je devais m'adapter à ces nouvelles choses qui m'arrivaient avec mon côté vampire et en plus de tout cela ma magie déraillait un peu, après tout, j'étais officiellement une débalancement de la nature à moi seule. La Nouvelle-Orléans était devenue hors de contrôle avec cette entité qui s'amusait avec les habitants comme bon lui semblait, mais surtout quand bon lui semblait. Le retour de mon père m'avait fait un choc, et voilà que ma mère refaisait surface, était-ce un autre tour de cet esprit malsain ? Était-ce permanent ? Je ne savais plus quoi pensé, quoi ressentir en ce moment et j'avais bien remarqué dans le visage de ma mère que ça l'affectait énormément. J'étais heureuse de la voir, mais en colère qu'elle ne soit pas resté en paix de l'autre côté, partagé aux extrêmes, je n'avais pas retenue cette envie de prendre ma mère dans mes bras finalement, pour m’autoriser le bénéfice du doute qu'elle était réellement là.

- Je ne comprends plus rien… Papa… Et puis toi. Quelque chose ne tourne pas rond.

Une part de moi se sentait responsable de tout cela, bien que je savais pertinemment que la situation me dépassait largement. Je n'étais pas le centre du monde, et je le savais, mais ma situation avait engendré bien des complications. L'explication de ma mère sur le manque de souvenir en rapport à sa mort et l'autre côté me laissait encore plus perplexe que je ne l'étais au départ. Comment tout cela pouvait être possible ? Cela devait être horrible pour elle. Mon père, avait-il vécu la même chose ?

- Magie ou non, on trouvera ce qui a causer cela. Aussi, bien que je suis contente que tu sois là, la nature a besoin d'un équilibre. Les morts ne devraient pas revenir ainsi, ce n'est pas logique et surtout contre nature.

J'avais resserré ma mère contre moi un moment, sans dire quoi que ce soit de plus, sentir ces bras autour de moi une fois de plus. J'ignorais combien de temps ça durerait, ou même si elle resterait, mais je devais suivre le conseil de mon père, me permettre d'être heureuse peut importer mon cheminement. On m'avait enlevé mes parents dans une période où j'aurais eut le plus besoin d'eux, et maintenant, j'avais la chance de les avoir près de moi à nouveau et j'ignorais comment je devais me sentir.

Le retour de mon père avait été plutôt intense dans tous les sens du terme, rien ne pouvait être simple lorsqu'il s'agissait de lui et de sa complexité à démontrer sa vulnérabilité. Je ne l'aimais pas moins pour autant, et c'était un peu la même chose avec ma mère en ce moment. Quelque chose était différent, c'était évident, il fallait être aveugle pour ne pas remarquer que quelque chose tourmentait l'esprit de ma mère. Ces expressions n'étaient pas exactement les mêmes que dans mes souvenirs, pouvais-je réellement lui en vouloir pour tout cela ? Non, puisqu'elle-même n'avait aucun contrôle sur son retour parmi nous. Mon propre retour ne s'expliquait pas non plus, donc comment je pouvais exiger des explications pour le retour de mes parents ? Je devais vivre avec des difficultés actuellement, mais j'ignorais si mes parents avaient eux aussi à gérer leurs états d'âmes, leur don.

- Papa est de retour aussi… Affirmais-je, en hochant la tête. Depuis quelque temps maintenant, terminais-je.

Était-ce à moi de lui dire que mon père aussi avait défié la mort ? Je n'en étais pas certaine, mais j'avais prit ce droit comme leur absence s'était fait remarquer dans mon parcours. Je ne réalisais peut-être pas la lourdeur de mes mots en expliquant à ma mère que la nature avait besoin de garder un certain équilibre, que les morts ne devraient pas simplement revenir même si cela m'apportait un certain bonheur. C'était égoïste de dire que j'avais droit de retrouver mes parents alors que d'autres vivent toujours sans leur proche.

- Et si cela venait à ta perte à nouveau… Soufflais-je. Et celle de papa…

J'étais partagée psychologiquement à l'idée de vouloir trouver pourquoi cela était arrivé, et en même temps, j'avais peur que si nous devrions faire inversement, je perde à nouveau mes parents. C'était égoïste de penser ainsi, non ? Je détournais la tête un instant avant de m'éloigner un peu de ma mère, pour porter mon regard vers l'eau qui devenait de plus en plus mouvementé. L'angoisse face aux questions de ma mère me donnait l'impression d'être prise au piège, ce qui laissait ma magie faire un peu des siennes.

- Je crois que nous ne devrions pas rester ici…