Don't touch my prey | Abigail

Don't touch my prey
••• Kai avait faim. Ou soif, peu importe comment on voulait l’interpréter. Quoiqu’il en soit, il avait besoin de se mettre quelque chose sous la dent. Il avait beau avoir eu un petit cas de conscience concernant ses nièces, étant allé jusqu’à abandonner l’idée de les tuer – il avait toujours du mal à y croire lui-même – mais ça n’en faisait pas un enfant de chœur pour autant. Au contraire. Il était frustré. Frustré d’être devenu aussi…mou. Aussi pathétique lorsqu’il s’agissait des jumelles. Du coup, il fallait bien qu’il laisse libre cours à cette frustration d’une façon ou d’une autre. Et comme il s’agissait de Kai, la seule façon qu’il connaissait, c’était simplement de se trouver une belle petite proie, de jouer un peu avec elle, puis de sustenter sa soif jusqu’à drainer la victime de sa dernière goutte de sang. Ce fut donc dans cette optique qu’il s’était mis en quête d’une petite souris avec laquelle jouer. Il ne tarda pas à repérer une jeune fille seule, dans une ruelle. Quelle imprudence. C’était une simple humaine, en plus. Un sourire carnassier s’afficha sur les lèvres de l’hérétique alors qu’il approchait d’elle, bien décidé à s’amuser un peu. Esquissant son sourire le plus charmant une fois à la hauteur de la jeune fille, il s’adressa à elle. « Vous savez qu’il est dangereux de traîner dans les rues, tard le soir. » Et il enchaîna avec d’autres répliques totalement bateau, mais qui semblaient fonctionner. Oui, la fille semblait sous le charme. Elle ne se méfiait pas. Trop facile. Ce ne serait pas drôle ainsi. Alors, il la regarda droit dans les yeux et se mit à l’hypnotiser. « Tu as peur. Très peur. Je suis le Mal incarné et tu veux m’échapper par tous les moyens. Tu commences à courir aussi vite que tes petites jambes le permettent et tu finis dans la forêt où un sort funeste t’attendra. » Aussitôt, il vit la terreur apparaître dans le regard de la fille qui se mit à hurler avant de prendre les jambes à son cou.

Kai souriait en la voyant déguerpir, la suivant lentement. Après tout, il savait où elle allait. Elle avait de l’endurance pour courir aussi loin sans s’arrêter. C’était… drôle. Drôle de voir quelqu’un s’accrocher ainsi à sa misérable vie. Même si l’hérétique avait fait naître une peur panique pas très naturelle en elle. Il finit par arriver à la lisière de la forêt. Du sang. Cette idiote avait trébuché et s’était égratigné le genou. « Cours, petite souris, cours. » Il lâcha un petit rire et décida d’accélérer le pas. Il rattrapa la fille sans mal et lui intima de ne pas bouger, puis il planta ses crocs dans son cou pour s’abreuver de son sang. Il ne prit pas tout, cependant, la relâchant au bout de quelques gorgées à peine. Puis il lui souffla de courir aussi vite qu’elle le pouvait. Oui, il aimait vraiment s’amuser avec ses proies. Il ne s’était toutefois pas attendu à tomber sur quelqu’un d’autre ici. Une éventuelle concurrence qui plus était. Ça sentait le loup à plein nez. Sans doute avait-il involontairement éveillé la bête en jouant avec sa petite souris. Après tout, cette dernière saignait alors qu’elle courait à travers la forêt. Kai décida de suivre l’odeur du loup, se retrouvant bientôt face à une jeune femme. C’était elle, le loup ? Très probablement. « C’est ma proie. N’y pense même pas. Si tu t’approches, tu le regretteras amèrement. » Et pour montrer qu’il ne plaisantait pas, il projeta l’inconnue contre l’arbre le plus proche à l’aide de sa magie, l’immobilisant un instant contre le tronc. « C’est compris ? Je peux te briser la nuque en un tour de main. » Il sourit, puis la laissa retomber au sol avant de repartir en quête de sa petite proie qui courait toujours. Elle était épuisée et si Kai ne l’avait pas hypnotisée, nul doute qu’elle se serait déjà effondrée. Il était temps d’en finir.
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Don't touch my prey
••• Pleine lune, j’avais senti la louve grattait sous la peau toute la journée, attendant son heure pour se libérer. Il faut que dire que, depuis que je vivais chez Eleanore, la louve était sans cesse titillée. Avoir une chasseuse à proximité, même si elle nous avait sauver, était encore quelque chose à laquelle nous devions nous habituer. L’une comme l’autre.
Fort heureusement pour moi, en ce soir de pleine lune, Eleanore était de garde et j’avais donc pu « m’échapper » de la maison sans trop de difficultés pour aller jusqu’à la forêt de Black Wood. Certes, j'aurais pu aller dans la cave, ou bien le jardin. Mais je ne voulais pas effrayer les voisins, ce n'était clairement pas le but. Aussi, depuis mon arrivée, elle avait vu toute mes transformations, et cela était sans doute pour le mieux. Nous étions assez loin du centre-ville pour qu’il n’y ait pas encore eu de carnages. Enfin hormis celui de pauvres petits animaux ou de gros gibier qui avait eu le malheur de croiser la route de la louve affamée.

J’entendis alors des bruits de pas précités, puis un bruit sourd sur des feuilles mortes avant de reprendre un rythme de courses soutenus. Par curiosité, je suivais le bruit des pas alors que mon corps commençait à brûler, signe que la transformation n’allait plus tarder et qu’il ne fallait donc pas que je traîne s’il s’agissait d’un être tout à fait normal de type humain. Enfin… « normal », entre guillemets.
Bref, je suivis le bruit jusqu’à ce que, soudainement, il y eut un calme presque plat, juste une respiration rapide. Et alors que je me rapprochais, je pus le voir, l’homme. Les crocs plantés dans le corps d’une pauvre fille, une de celle qui n’avait sans doute rien demandé et c’était juste retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. Je ne pouvais pas juger, la louve avait, elle aussi, était assoiffée de sang au tout début. Le faisait-il par nécessité ou par plaisir ? Lorsque l’odeur du sang fut trop forte, et que mon corps brûler d’une douleur bien trop connue. Je pris la décision de retourner sur mes pas. Je n’avais en revanche pas prévue qu’il vienne me trouver après, pour me balancer contre un arbre. Un putain d’arbre. M’immobilisant contre son tronc simplement pour me menacer. Pensait-il que j’avais peur de lui.

Il repartit à peine quelques instants, mais il venait de commettre une erreur. Emmerder la louve avant la transformation.

Mes os craquèrent dans une symphonie familière alors que mon corps se transformait, laissant place à la louve. Une louve au pelage sombre comme la nuit, aux yeux émeraudes scrutant les arbres. Le problème était peut-être qu’elle avait mémorisé l’odeur pour le moins caractéristiques de ce sorcier/vampire, et il était hors de question qu’elle laisse cet homme la menaçait sans rien faire.
La louve courut à travers les arbres pour le rejoindre, une course silencieuse, bien trop silencieuse. Tant et si bien que, lorsqu’il eut retrouvé sa proie, il ne put même pas s’en approcher, la louve lui sautant sur le dos, tout crocs dehors. L’intention n’était pas forcément de le blesser, mais simplement de lui montrer qu’il lui devait le respect. Il faut dire que même si elle était une louve solitaire, elle avait toujours réussi à imposer un certain respect de la part des autres loups et animaux ; et cet homme, lui en avait clairement manqué. Elle se fichait pas mal de sa proie bien trop facile à attraper, la louve aimait le défi.

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