Loneliness is killing me ft Quinn Hambleton

Ma première semaine à la Nouvelle-Orléans avait été terrible! Je ne faisais que courir d’un côté et de l’autre afin de me préparer aux cours. Il me manquait tout! Les manuels, les cartables, les feuilles, les crayons … tout. Je m’en voulais d’être partie sur un coup de tête sans vraiment préparer ces essentiels au préalable. Oui, j’avais mes valises de faite, et malheureusement, je dû les cacher pendant un certain temps, ne serait-ce que pour éviter que ma famille ne découvre mes plans. J’avais tout de même une porte de secours, au cas où ils se mettraient à poser trop de questions. Je prétendrais partir en voyage quelques jours, chose qui s’explique quand même plus facilement que des fournitures scolaires en plus du reste. Ce ne fut qu’une fois en chemin que je pus laisser un message et indiquer que je ne reviendrais pas. Oh, j’imagine l’engueulade que ça a causé, à la maison. Ils s’attendaient tous à ce que je reprenne le flambeau, alors que personne ne me le proposa avant. Tant mieux s’ils ont grandi dans cet univers-là, et que leur vision du monde est de sauver les autres du danger, des créatures mortelles. Moi, mon but actuel, c’était d’obtenir un diplôme et espérer obtenir un boulot qui me permettra de vivre plus confortablement. Non, je ne jouerais pas les héros. Non, je n’étais pas une machine à tuer. Ce n’est pas en devenant chasseuse que je gagnerais bien ma vie. En fait, je risque de mourir plus rapidement en courant ainsi après le danger.

J’observais mon misérable appartement, mes valises encore à moitié vides, mes manuels éparpillés et mon portable sur le lit. J’étais vraiment dans une situation complètement absurde. J’avais la nette impression que malgré mon entêtement, je ne tiendrais pas longtemps ici, dans cette ville. Ma semaine de cours ne s’était pas nécessairement passée comme prévue, quoiqu’en fait, j’aurais peut-être dû m’en douter. La plupart des étudiants se connaissent entre eux. Les cliques se forment, que ce soit entre jeunes étrangers venant d’outre-mers, ou d’amis se connaissant depuis leurs études secondaires. Je me retrouvais à la case zéro, comme lorsque je sortis du culte. En fait, je crois que ce chapitre de ma vie avait encore tout un impact sur moi. Je ne savais guère socialiser, même si je parlais énormément. Ce mécanisme verbal me permettait de feindre une grande assurance, quand en réalité, je m’entendais dire les choses les plus stupides qui soient. Bordel! L’intégration ne se ferait pas aussi facilement que j’osais croire. Cela me prendra certainement des mois avant d’avoir ne serait-ce qu’une seule personne en classe avec qui parler. Rien que ça, ce sera tout un accomplissement. Un bonus sera de sortir avec cette personne, aller étudier ensemble, etc. Lorsque ça arrivera, alors là oui, je me sentirais plus confiante de mes prochaines années universitaires.

Couchée, à bouquiner un peu, je perçus soudainement mon téléphone sonner. Étonnée, je lus dans mes notifications un sms d’Ana. Oh! Je me souvenais clairement de la jeune femme. Pendant le trajet jusqu’ici, on se mit à discuter de beaucoup de choses. Peut-être était-ce les nerfs qui m’ont fait parler plus que d’habitude. En tout cas, j’ai grandement apprécié sa gentillesse. On s’était échangé nos numéros, histoire de faire mieux connaissance, et visiblement, elle proposait une sortie. Je répondis par la positive, lui donnant un lieu de rencontre et une heure précise. Je me levais ensuite du lit afin de me préparer en conséquence de cette sortie. Je lui avais proposé une boutique que j’avais vu au passage, mais où je n’étais jamais entrée. En fait, je n’étais pas sortie depuis mon arrivée, sinon pour aller et revenir de mes cours. Mon week-end s’annonçait semblable, du moins, jusqu’à ce qu’elle me contacte. C’est une bonne chose; j’allais socialiser et prendre de l’air. Rien de mieux que ça, pour quelqu’un qui reste souvent cloîtrée chez elle.

Je me rendis donc à bon port, sans pour autant devoir tourner en rond quelques minutes. Une fois arrivée, je remarquais qu’Ana n’était pas encore là. Nous étions donc deux jeunes femmes encore perdues dans cette ville! Ah! On se ressemblait sur ce point, en tout cas. Mais question de ne pas la faire paniquer, je ne lui envoyait pas nécessairement une alerte, préférant simplement l’attendre, errant sur le web, à la recherche de distractions. Heureusement, je n’eus pas à dérouler la page trop longtemps, puisqu’Ana arriva quelques minutes plus tard, s’excusant de son retard. « Ne t’en fais pas! Je me suis perdue en venant ici, alors que je passe tout le temps par cette rue en partant et revenant de mes cours. » Je lui souris en retour. « On doit se donner du temps pour se familiariser avec la ville. Je ne connais pas encore le un dixième de la Nouvelle-Orléans. » Je ne pouvais blâmer personne d’autre que moi pour ce manque de savoir. Ce n’est pas en restant chez moi que j’apprends à reconnaître les rues et boutiques du coin. « Alors, dis-moi, comment s’est passée ta première semaine? Tu t’habitues bien à la vie ici? » Je devrais trouver une phrase quelconque pour qualifier ma première semaine aussi, si elle me pose la question. Je trouverais un petit mensonge, j’en suis sûre.