Having someone to love is family ft Little Princess

L’amour d’une mère pour ses enfants est inconditionnel. Mais le bonheur de la maternité, j’avais été forcée d’y renoncer pour ne pas que mon enfant soit victime de l’emprise de ma tante Dahlia. Je ne voulais pas que la chaire de ma chaire soit condamnée au même sort que le mien. J’avais été privée du soutien de ma famille, prise au piège d’une promesse faite par une autre. J’avais été offerte pour préserver la vie de ma fratrie. C’était un sort cruel que l’enfant d’autrefois avait eu terriblement de mal à accepter mais c’était avant, avant que je ne les rencontre. Depuis la famille avait pris une toute autre signification à mes yeux. Elle était ce tout pour lequel je me dévouerais corps et âme. Mais mon cœur souffrait de ce manque d’amour qui avait jalonné mon existence. Je ne m’étais plus autorisée à offrir mon cœur depuis que mon enfant, celui qui grandissait dans mon ventre était mort. J’avais fui ce sentiment craignant qu’un jour le désir de porter un enfant l’emporte sur la raison qui me dictait de lui épargner ce destin. Mais cela me manquait. J’avais cru qu’avec Kilian, j’avais droit à une seconde chance mais l’échec de notre mariage pesait lourdement dans la balance. Alors que l’envie de donner la vie m’avait envahie, je me retrouvais plus que jamais dans une impasse. J’étais tout bonnement perdue et plus que jamais, j’avais besoin de ma famille pour retrouver la flamme en moi. Ce monde n’était qu’un théâtre où se jouait des vies et où des marionnettistes abusaient de leur pouvoir. Se ressourcer m’apparaissait comme une évidence et l’envie se faisait tentante de voir celle qui m’avait rapprochée de mes frères et sœurs, celle que j’avais eu le désir de protéger. Hope était ma petite princesse et j’admirais la femme qu’elle était devenue. J’aimais la voir grandir et j’admirais comment elle gérait les multiples influences dans son existence. Elle avait su dompter son père avec sa bouille d’ange, enfin pas vraiment le dompter mais lui apprendre une sacrée leçon de vie.

J’aurais pu l’inviter à me rejoindre au manoir familial mais je voulais la voir dans un endroit neutre. Je pose mes lunettes de soleil sur mon nez avant de sortir. Je lève les yeux vers le ciel avec un petit sourire aux lèvres. Je prends mon téléphone pour envoyer un message à ma charmante nièce. « Coucou princesse, ça te dit de se retrouver à une terrasse de café pour discuter un peu ? » Je n’attends pas la réponse. Je me doute que sa réponse sera positive et je suis prête à l’attendre si elle n’est pas disponible tout de suite. Je n’ai de toute façon rien de mieux à faire pour le moment. Je m’installe et je commande un smoothie ananas-mangue. Je pense tandis que j’attends ma nièce et je ne peux m’empêcher de me sentir anxieuse. Je pousse un soupir lourd de sens. Je finis par me redresser et je souris à la jeune demoiselle que je serre tout contre moi. Je hoche doucement la tête pour l’inviter à s’installer avant de prendre une profonde inspiration. « Coucou ma nièce préférée. Je suis vraiment contente de te voir car ça faisait un petit moment. Je suis désolée, j’ai été pas mal… accaparée ces derniers temps. Les aléas de la vie. » Je lui laisse le temps de s’installer et de se commander quelque chose. Je la regarde admirant ses traits. Plus elle grandit, plus elle dégage quelque chose qui force le respect. Elle ressemble de plus en plus à sa mère mais sauf qu’elle a quelque chose à la fois de plus doux et plus farouche. Je finis par prendre à nouveau la parole très doucement. « Je m’inquiétais pour toi. Avec tous ces retours à la vie, ça doit te perturber surtout que de ce que j’en sais, ton père ne fait pas dans la dentelle depuis son retour. Parfois, je me dis que ça lui donnerait une bonne leçon de redevenir humain l’espace de quelques jours. » Je rigole amusée par ma propre suggestion même si je ne peux nier que cette idée me semble brillante. Je lui fais un petit clin d’œil complice avant de reprendre. « Mais bon, ne parlons pas de lui, il a déjà assez un égo surdimensionné pour s’imaginer être le centre de nos conversations. Toi comment vas-tu ? Comment parviens-tu à gérer les choses ? »

Je regarde ce bout de femme essayant de sonder son regard pour y découvrir les secrets qui se cachent sous la surface. Après la mort de ses parents, la Nouvelle-Orléans étaient un lieu de douleur. J’avais pu comprendre sa peine et même si je me sentais démunie et incapable d’apaiser son cœur meurtri. Je lui avais rendu visite plusieurs fois à Mystic Falls consciente que c’était alléger la pression sur son cœur. Mais il est vrai que nos contacts avaient été moins fréquents. Je n’avais pas pu lui apporter le soutien que j’aurais voulu et je le regrettais amèrement maintenant. Mais je savais que cela ne changeait rien à l’attachement qui nous lie. J’avais eu envie de la serrer plus fort contre moi mais je redoutais de l’étouffer. Je ne pouvais m’empêcher d’admirer sa force même si son regard n’avait plus le même éclat. Il y avait le reflet des épreuves subies mais surtout, je pouvais y lire une forme de culpabilité. Je regrettais amèrement que Klaus ait été le premier à revenir dans sa vie car elle aurait eu besoin de sa mère à ses côtés. Hayley me manquait à moi et je sentais que ça aurait pu réchauffer le cœur de l’adolescente. Elle semblait avoir endurci sa carapace et cela me faisait de la peine. Le passé ne pouvait être changé. Et si, le retour à la vie était une opportunité, les souvenirs eux resteraient. Je redoutais que les nombreux revenants n’aient encore plus fragilisé l’équilibre de notre monde. Il avait failli s’effondrer avant de renaître de ses cendres mais dans quelle mesure, tiendrait-il à long terme ? Combien de temps avant la prochaine tragédie ? Et si celle-là était fatale ? Cette angoisse avait pesé lourdement sur mes épaules ces derniers temps. J’avais été forcée de prendre sur moi pour faire face à celle qui m’a donné la vie. Elle détenait la vérité sur tout ce qui s’était passé mais j’avais détesté devoir lui demander. C’était comme lui accorder un pardon que pourtant, je me refusais à lui octroyer. Elle m’avait livrée comme un vulgaire objet et c’était une blessure qui jamais ne guérirait. Elle avait gâché ma vie alors comment aurais-je pu lui dire que c’était oublié ? Mais encore pire, je la jugeais responsable de la perte de mon père. Il avait changé par sa faute pour devenir le monstre que mes frères n’avaient eu d’autre choix de tuer, d’envoyer dans le néant ce père perdu trop rapidement. Je n’avais pas eu ma chance, celle de le convaincre qu’une paix serait pour le bien de toute notre famille. J’espérais une seconde chance mais rien n’était moins sûr car j’avais beau guetter tous les signes, rien ne me laissait penser qu’il était lui aussi revenu à la vie.

Mais en ce moment, l’être de ma famille qui avait toute mon attention était la jolie Hope. Elle avait beau vouloir faire comme si tout allait bien, qu’elle n’était que légèrement perturbée, cela ne semblait pas tout à fait vrai. Je prends une profonde inspiration avant de croiser mes jambes sous la table. Je reprends une gorgée du smoothie. « Je peux comprendre que tout cela soit perturbant. Cette ville échappe à toute logique et peu de personnes semblent avoir conscience qu’elle a changé. Pour beaucoup de ses habitants, tout est absolument normal mais elle a été réduite en cendres et reconstruite. Je suppose que l’ignorance est mieux pour la majorité des personnes mais pas pour deux sorcières Mikaelson. » Je pose doucement ma main sur la sienne pour la serrer très doucement. Elle est perspicace et si tout le monde ne doit pas connaître la vérité, je pense que parfois cela fait davantage de mal. Je n’ai pas peur des conséquences à dévoiler la vérité car au fond, cela est assez malsain de jouer avec la vie des autres. Je déteste sentir que nos vies sont entre les mains de personnes dont je ne connais même pas la justesse ou non de ses intentions. Je lui adresse un petit clin d’œil. « Tu ne deviens pas folle. Tu es même totalement censée. » Sa question à mon sujet me laisse pensive. Je ne sais pas très bien comment expliquer ce qui m’agite mais elle marque un point. Il est vrai que je ne me sens plus tout à fait à ma place par ici. J’ai peur de l’avenir qui se profile car je redoute que les choses ne finissent par mal tourner. Je viens triturer l’une de mes mèches de cheveux en cherchant la réponse la plus adéquate avant de finalement me lancer. « Ce qui s’est passé juste avant… je m’en souviens et cela me hante. Je croyais avoir touché le bonheur mais c’était une illusion. Les choses ont commencé à mal tourné et avoir vu ceux à qui je tenais périr, ça a laissé des traces. Est-ce que le fait qu’ils soient revenus à la vie change que j’ai porté leur deuil ? Je ne peux m’empêcher d’éprouver de nombreux regrets. Et cela obscurcit mon regard. Penses-tu que le bonheur soit possible dans ce monde ? » Je voulais me convaincre que ma nièce avait plus d’espoir qui sommeille en son cœur que moi. Elle était à l’âge tendre où tout doit sembler possible. Mais elle avait vécu des pertes et j’aurais voulu qu’elle en soit épargnée. Je pouvais deviner que cela l’avait marquée. « Est-ce que tu as su te remettre de ces pertes ou est-ce qu’elles te hantent encore ? » Mon regard est inquiet, toujours.

Le changement composait l’existence. Rien n’était jamais statique et cela nous permettait d’évoluer et de grandir. Mais parfois cela nous terrifiait au plus profond de nous-même de changer. On redoutait ce qui pourrait arriver demain car il était plus confortable d’avancer dans un monde que l’on maîtrisait. Mais le changement apportait avec lui sa dose de renouveau et pouvait parfois nous permettre de vivre des choses exceptionnelles qui ne seraient jamais arrivées si on avait continué à fuir ce foutu changement. Mais pourtant, ces derniers temps, chaque changement avait apporté sa dose supplémentaire de chaos, de douleur et de perte. J’aurais aimé moi aussi que les choses restent au moins un petit temps exactement telles qu’elles étaient. Je voulais pouvoir jouer de cette paix retrouvée même si je savais qu’elle n’était qu’illusoire. Face à tous ces bouleversements, j’avais parfois la folle envie de réunir tous mes proches, tous ceux qui comptaient un tant soit peu à mes yeux dans un endroit que je pourrais protéger de la marche du temps. J’aurais voulu pouvoir créer pour eux un paradis artificiel qui nous offrirait un temps d’accalmie loin de ce monde qui devenait de plus en plus fou. Mais au milieu de tous ces changements, certaines rencontres m’avaient permis de sentir mon cœur s’affoler comme cela ne lui était plus arrivé depuis un bon petit moment. J’avais senti les papillons dans le ventre suite à une rencontre hasardeuse et cela me donnait l’impression que tout n’était pas toujours mauvais. Mais quand tout était troublé autour de nous, avions-nous réellement le droit de choisir égoïstement de profiter du moment présent. C’était une question qui me réveillait la nuit. Je désirais ardemment vivre ma vie sans me préoccuper de toutes ces merdes mais cela serait abandonner des personnes qui ne le méritaient pas. Il y avait toujours un événement pour nous rattraper, nous poursuivre. Et en ce moment, je craignais que le joug de la faucheuse ne se pose sur l’un de nous, l’un de ceux que j’aimais. Il fallait rapidement trouver une solution pour diminuer l’impact des esprits sur nos vies mais j’avais eu beau chercher nuit et jour, je n’avais pas l’ombre d’une solution à proposer. Je me sentais tellement démunie et je pouvais comprendre que ma nièce éprouve des sentiments assez négatifs au fait que tout change toujours. Et à quel point elle me ressemblait à vouloir se soucier de ce qui se passait, à comprendre tout cela.

« Qui ne veut pas que tu te poses de questions ? Que tu ne cherches pas à comprendre ? Personnellement, je trouve cela rassurant que tu t’interroges sur tout cela et que tu te sois rendue compte des choses. Et quant à tes interrogations sur pourquoi tout doit toujours changer, je n’ai malheureusement pas la moindre réponse à t’offrir. Je me le demande moi aussi. » Je le regarde captant moi aussi la discussion des jeunes à une autre table. Je ne peux m’empêcher de la trouver exceptionnelle et sans doute que mon orgueil de tante se sent flatté d’avoir un petit bijou telle qu’elle dans notre famille. Je souris avec une infinie tendresse. « Comme je t’admire, tu fais preuve d’une telle sagesse. Tu as compris l’essence même de la vie alors que tu es si jeune. Certains peuvent vivre leur existence entière sans même s’approcher de cette façon de penser. Alors tu peux être fière de toi car malgré tout ce que tu as vécu, tu gardes une certaine dose d’optimisme. » J’avais l’impression de recevoir une leçon de cette petite. Elle m’apprenait à laisser aller les problèmes pour apprécier le moment présent. Je devrais en prendre de la graine. Mais ses mots me font de la peine et j’essaie de me montrer rassurante. « Je suis certaine que ta mère ne tardera pas à réapparaître ma puce. Tu n’auras plus à souffrir du manque de tes parents dans ton existence. Cela n’effacera pas tout mais au moins, ça pourra t’apaiser. Enfin je l’espère, qu’est-ce que tu en penses ? » Je devrais me pencher sur un sort pour faire en sorte que Hayley revienne plus rapidement. La brèche étant ouverte, cela ne devrait pas être trop compliquée. Et si je devais y dépenser toute mon énergie, je le ferai sans l’ombre d’une hésitation. Je n’aime pas beaucoup l’idée de parler de moi mais je me dois de lui répondre. « Avec tout ce qui s’est passé, j’ai manqué de temps pour me retrouver moi-même. La séparation avec Kilian n’a pas été très simple. On s’est fait du mal toutes les deux. C’était la meilleure décision mais ça ne s’est pas fait sans mal. Et je ne peux m’empêcher de me tracasser pour ma fratrie. Ils ont l’art de s’attirer des ennuis donc je me méfie. » Ils avaient le don d’attirer les problèmes et je sentais que cela ne tarderait alors qu’ils étaient tous réunis en ville, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps.

Je m’attendais à ce que nous partagions un moment de légèreté ou en tout cas de complicité. Je n’étais pas totalement surprise qu’elle me confie les peines qui pesaient sur son cœur mais je ne m’étais pas préparée à une discussion teintée d’un tel sérieux. Comment avais-je pu être aussi aveugle pour ne pas apercevoir le mal-être profond qui l’habite ? Je ne m’étais pas rendue compte qu’elle avait besoin que l’on la soutienne pour l’aider à dépasser cette épreuve. Elle souffrait et c’était un poids sur mon cœur de la voir si résignée. Elle doutait tellement d’elle qu’elle en venait à penser que ce serait mieux sans elle. C’était douloureux à entendre et je me demandais si son père avait conscience du malheur qui la frappait. Peut-être même en était-il partiellement responsable ? J’espérais qu’il n’ait rien fait pour aggraver les sentiments négatifs qui l’habitaient. J’avais le sentiment que je devrais avoir une discussion avec mon frère et cela promettait d’être assez musclé. Mais je voudrais réussir à la rassurer. « Je suis tellement triste de t’entendre dire cela ma puce. Je me dis que c’est un peu de notre faute à tous dans la famille. Nous aurions dû te prouver que tu comptais davantage mais surtout nous devrions plus souvent te dire la joie que nous éprouvons à t’avoir dans nos vies. Dis-moi pourquoi tu crois empirer les choses ? » Elle doit avoir l’impression de subir un interrogatoire mais j’ai besoin de comprendre ce qui peuple les pensées contenues dans cette jolie petite tête. Je réfléchis de longs instants alors que je me laisse aller à une vague de nostalgie. Je pense à cette petite fille qui a amené une telle joie dans nos existences. Ma voix est empreinte de mélancolie. « Tu sais quand la nouvelle de ta venue prochaine est arrivée, cela a métamorphosé la famille. Ils étaient sans cesse en train se déchirer et grâce à toi, ils ont enfin appris à aimer quelqu’un plus qu’eux-mêmes. Ils ont appris à passer tes intérêts avant les leurs. Tu les as unis avec une telle force que leurs liens familiaux sont devenus indestructibles. Alors même s’il t’arrive de douter de ton impact, repense à tout cela. » Tout cela est tellement désolant qu’elle en vienne à avoir une image tellement négative d’elle alors qu’elle est celle pour qui nous aurions tous sacrifié notre vie. Je pourrais donner mon existence, ce que j’ai de plus précieux pour qu’elle puisse enfin être heureuse. Elle méritait d’être apaisée, de laisser ses tourments au loin. Elle ne devrait pas avoir à porter un tel poids. Je prends une profonde inspiration. « Je pense qu’elle ne peut pas être bien quand tu es loin d’elle, elle sera toujours incomplète. L’avenir nous le dira. » Je serre fort sa main dans la mienne.

Je laisse quelques instants s’écouler méditant un petit instant. Je suis perdue dans mes pensées me laissant emmener loin de cet endroit. Je ne sais jamais très bien que ressentir face à ma fratrie. Je suis perdue car j’ai l’impression de toujours devoir les sauver d’eux-mêmes mais est-ce réellement mon rôle ? Pourquoi est-ce que je me sens aussi responsable d’eux ? J’ai l’impression d’avoir une dette à payer pour mes années d’absence mais je n’en suis pourtant pas responsable. « J’oublie parfois qu’ils ont su tout affronter et que je n’étais pas là pour eux. J’ai un peu trop tendance à les materner mais je ne suis pas leur mère. Je ne suis pas là pour m’occuper d’eux et résoudre tous leurs petits problèmes. Je pense que la famille doit toujours passer avant. » Quand vais-je enfin m’octroyer le droit de vivre pour moi ? J’ai été prisonnière d’une tante qui m’a volé des années de ma vie. Je n’ai jamais vécu l’insouciance des plus belles années de ma vie. Puis-je espérer qu’un jour je retrouverai cette insouciance ? Je n’y crois pas mais ce n’est pas parce que j’ai dû grandir trop vite que je ne peux pas m’octroyer le droit à un moment de répit. J’en avais assez d’être la plus raisonnable. « Ça a toujours été le cas et ça a failli briser mon couple avec Keelin avant notre mariage. Puis je croyais que ça c’était arrangé mais ça a fragilisé notre couple. Et ça a fini par nous rattraper. J’ai besoin de prendre du recul mais je ne peux pas partir d’ici, mettre de la distance. Mais nous sommes tous un peu piégés ici sans perspective d’évasion. Et tu sais ce qui me permet de me sentir libérée de cette pression ? Passer un moment avec ma nièce. » Je chasse mes sombres pensées pour lui sourire avec une infinie douceur. Je la regarde très doucement avant de lever la main pour commander deux autres verres. Je n’opte pas pour un smoothie cette fois mais d’autorité je nous commande deux cocktails. Comment profiter du temps en toute insouciance ? L’alcool peut très certainement nous y aider. Je ne culpabilise même pas à l’idée de saouler ma nièce. « Hope, je sais que la vie est difficile mais profitons des bons moments ensemble. Dis-moi s’il y a un garçon dans ta vie ? Tu as des amis ? Dis-moi ce qui te fait vibrer ? » Je lui fais un petit clin d’œil complice espérant qu’elle me suive dans cette voix plus joyeuse.

Hope était une jeune femme blessée mais non brisée. Elle avait tellement vécu en trop peu de temps que cela ne pouvait qu’avoir laisser des traces. Je voudrais pouvoir lui faire oublier quelques-uns de ces moments douloureux. Je voudrais l’apaiser mais cela prendrait énormément de temps. Je n’étais pas celle qui pouvait l’aider même si je l’aurais voulu. Ma voix est empreinte de nostalgie. « Ma chérie, tu me fais tellement penser à ton père. Lui aussi semble toujours capable de tout affronter comme si cela ne pouvait pas le briser et pourtant… Tu crois que c’est parce qu’on se sent responsables de toi qu’on veut faire attention à ce qui t’affecte ? Je vais peut-être paraître froide ou dure mais cela n’a rien à voir avec toi en particulier. Cette volonté anime toute famille unie car entre les siens, on se soutient. Là je crois que c’est toi qui en avais le plus besoin et demain ce sera peut-être moi. On a tous besoin de l’attention de toute la famille par moment et cela crée une sorte d’équilibre. » Je voudrais parvenir à l’en convaincre. Je voudrais qu’elle comprenne que tout cela répondait au cycle naturel de la vie mais je doutais que cela suffise. Elle était encore jeune et elle manquait du recul qui nous amène à relativiser la vie. A son âge, elle apparaît comme ce qu’il y a de plus important mais ayant traversé les siècles, j’aspire simplement à laisser derrière moi une trace bénéfique de mon passage. « Et sais-tu pourquoi tu mérites le sacrifice de chacun d’entre nous ? Je crois qu’après mille ans de vie, on a déjà eu bien trop de temps, du temps qu’on a pu gâcher, du temps dont on n’a pas toujours su apprécier la valeur. Mais ce ne serait pas logique que nous ayons encore l’éternité si notre sacrifice pouvait aider une petite demoiselle à l’aube de sa vie. J’aime cette famille mais sans toi, nous serions encore en train de nous quereller pour des bêtises. Tu as fait de nous un tout uni et c’est une forme de reconnaissance pour ce que tu as fait pour nous. » Elle minimisait son importance pour cette famille et pourtant, elle était ce lien précieux qui donnait tout son sens à ce mot. Elle nous avait apporté un trésor inestimable et la douleur dans son regard me poignardait en plein cœur. Je me sentais foudroyée par cette situation mais je voulais croire que des lendemains plus joyeux nous attendaient. « L’intérêt c’est que pour une fois en un millénaire, tous les frères Mikaelson ont oublié leur petit égo. Ils ont su trouver une paix qui n’aurait sans doute jamais été atteinte. Il n’y a rien de normal à vivre mille ans alors ce sacrifice ce n’est pas grand-chose. » Je me sentais légèrement moralisatrice avec elle alors que c’était à l’opposé de la sensation que je voulais lui donner. Si je l’étais, c’était uniquement car cela me touchait. Je la comprenais mais je ne pouvais pas m’empêcher de réagir.

Ma voix se radoucit légèrement alors que je démontre plus de douceur et de compréhension. Je lui fais part de mes propres incompréhensions concernant la nature humaine, le sens du monde. « Je sais que c’est difficile de comprendre cette notion de sacrifice et j’avoue que je ne peux pas te dire l’intérêt quand on aurait besoin de ceux qui se sont sacrifiés. J’imagine la douleur que ça crée et je manque de mots pour l’apaiser. Mais je suis certaine qu’eux ne le regrettent pas car tu es l’accomplissement de toute leur vie. » Je lui adresse un petit clin d’œil songeant que mon nigaud de frère ferait bien de prendre soin de sa fille et de lui offrir des réponses. Il devrait murir un peu au lieu de se comporter comme un enfant capricieux et lui dire combien il l’aime avant qu’elle ne finisse par en douter. Une crainte supplémentaire, celle qu’il n’ait pas le temps de lui dire. « Je ne sais pas si cela sera permanent princesse mais quand le temps pourrait manquer, il faut lâcher prise. Cela ne servira à rien de gâcher ces précieux instants à ruminer quand tu pourrais juste profiter d’eux. » On se prenait tellement la tête dans l’existence sur demain qu’on en oubliait de simplement vivre aujourd’hui. Mais la gravité de notre échange m’incite à adoucir ces mots avec une pointe d’humour. Je la regarde avec un éclat enfantin au fond des yeux. « Dis ça ne te tenterait pas de les envoyer dans le mur avec moi ? Girl power. Ça pourrait être très drôle de voir leur tête effarée. Se faire mettre la raclée par deux filles, leur égo va en prendre un coup. » Je rigole d’amusement à la perspective imaginant déjà leur tête mais je ne suis pas certaine que ce serait la meilleure idée au monde. Je prends un air de conspirateur avant de lui avouer. « Je crois que je dois apprendre à vivre pour moi et non toujours pour la famille même si cela n’est pas toujours évident. Et puis, j’ai fait une rencontre mais cela reste entre nous. Promesse de petits doigts ? » Je lui présente mon petit doigt avant de sourire en découvrant une jeune femme comme toutes les adolescentes de son âge. Je souris fièrement en la regardant avant d’ouvrir de grands yeux étonnés. « Un Squad ? Waouh rien que ça ? Je suis complètement impressionnée. Et puis-je savoir qui le compose ? » Je rigole amusée avant de reprendre mon sérieux pour lui dire avec précaution. « Et ne t’en fais pas pour Landon, il ne sait pas ce qu’il rate et c’est que quelqu’un de mieux t’attend ma petite princesse. Je peux le sentir grâce à mon intuition de sorcière. » Je voulais croire que le sort ne pourrait pas toujours s’acharner. Ma nièce avait besoin d’aimer et d’être aimée. Elle avait besoin d’éprouver la sensation de s’envoler dans les bras d’un être aimé.

Elle faisait preuve d’une maturité déconcertante pour son jeune âge mais elle manquait encore d’une certaine expérience dans la vie. Elle avait encore des choses à vivre avant de comprendre le secret de l’existence. Il y avait de nombreux mauvais moments mais il y en avait encore bien plus de bons à vivre. Il y aurait des bons moments et des moins bons pour encore plus apprécier les petits cadeaux que pouvaient faire l’existence. L’important dans la vie n’était pas d’accumuler les instants de bonheur mais d’apprendre à apprécier ces instants de paix entre les mauvais moments. Je ne doutais pas qu’elle en vienne à l’apprécier pleinement. Je ne doutais pas qu’elle trouverait la sérénité mais cela prendrait encore un peu de temps. Elle devait simplement guérir de tout ce qui avait pu lui faire du mal et les blessures étaient foutument profondes. Mais elle était une Mikaelson. Nous avions tous eu de mauvais moments et aujourd’hui, nous connaissions un certain bonheur. Certains comme Niklaus s’évertuait encore à le gâcher mais c’était son propre. Je souris doucement sans jamais prendre un ton accusateur. « J’espère simplement qu’un jour, tu pourras comprendre que tu n’as rien brisé du tout. Tu n’as pas à craindre que nous nous éprouvions de la pitié pour toi ma chérie mais je peux comprendre ce que tu ressens aussi pour ma part, je ne te vois pas comme une pauvre petite qui a besoin d’être protégée de la vérité ou qui a besoin d’un soutien en permanence. Tu es tout à fait capable de t’occuper de toi-même mais sache que tu peux compter sur moi si par moment, tu flanches quelque peu. » Je lui adresse un petit clin d’œil. Je lui apporte une totale attention sans jamais juger ses mots même si parfois, ils blessent mon cœur de tante. Je peux sentir que je n’ai pas la moindre chance de la faire se ranger à mon avis. J’espère simplement qu’elle pourra y repenser à finir par se laisser aller. Je lui dis très doucement. « Je ne suis pas du tout d’accord avec toi mais ce n’est que ma vision des choses. Je peux t’assurer qu’on fera tout notre possible pour qu’à l’avenir, tu n’aies jamais à vivre à nouveau sans chacun de nous. Je ferai tout pour nous garder unis à tes côtés ainsi cela chassera tes craintes au loin. » Je sais combien ma promesse est complexe à tenir. Je ne peux jamais rien garantir avec ma famille mais au moins j’essaierai pour elle car je veux son bonheur plus que tout au monde. Je joue avec une mèche de mes cheveux lui offrant un petit clin d’œil à nouveau. Mais la petite avait besoin d’être entourée et elle jouait les femmes fortes mais rien n’était plus que façade. Elle ne voulait pas inspirer la pitié mais elle jouait les filles trop fortes au point de parfois en oublier qu’elle n’était pas encore totalement armée pour tout affronter seule. Je soupire légèrement mais je suis soulagée qu’elle se confie à moi.

« Alors écoute tes besoins ma princesse. Laisse le temps de te montrer que tu peux y croire. Tu n’as pas besoin de forcer tes barrières à s’effondrer, cela se fera tout seul en son temps. Ça viendra petit à petit car tu auras toutes les preuves du monde que tu peux cesser de te protéger mais cela prend un peu du temps. » Je comprends toutes ses réserves, toutes ses peurs. Elle n’ose pas s’abandonner à ce bonheur qui est à sa portée et qu’elle pourrait saisir. Elle a tout simplement peur d’y croire et il n’y a rien de plus naturel. Je pourrais lui dire que c’est idiot de garder ses défenses mais je trouve qu’elle a raison. Elle doit s’écouter et même si c’est parfois difficile à vivre. Je finis par rire légèrement à son aveu avant de prendre un ton de conspiratrice. « Mais on s’en fout un peu qu’ils apprécient. Cela leur permettra de comprendre qu’ils ne sont pas si forts que cela quand deux filles Mikaelson se liguent contre eux. Mais je n’avais pas la moindre idée que tu l’aies déjà fait, avec ton père ? Je suis certaine qu’il n’a pas dû beaucoup apprécier l’expérience. J’aurais payé pour pouvoir voir sa tête à ce moment. Cela devait être une sacrée surprise. » Je rigole à nouveau alors que je me joue la scène dans mon esprit. Je pense qu’il avait bien besoin de se prendre une raclée et surtout par sa fille. Mais je suis coupée dans mon imagination sentant que je rougis face à ses questions. Je scelle cette promesse avant de reprendre d’une petite voix toute intimidée. « Je ne suis pas certaine que te dire qui c’est soit une bonne idée mais… je n’ai pas envie de te gâcher la joie que je vois dans ton regard. Je l’ai croisé par hasard dans la rue, en fait, je l’ai sauvé de se faire bruler. Il est assez mauvais garçon mais il dégage un petit quelque chose de… d’excitant. Ne me juge pas pour mon attirance envers lui, c’était comme si une alchimie s’était installée. Je te fais confiance pour ne rien dire. Il s’appelle Malachai Parker. » Je retiens mon souffle redoutant tellement son jugement. Je sais qu’il a fait de nombreuses mauvaises actions et nuit à certaines personnes. J’espère simplement pouvoir l’inspirer et le pousser à opérer des choix différents. J’espère même faire naître en lui un désir de repentir. Je ne sais pas où ça pourra nous mener lui et moi, si même cela pourrait se concrétiser mais je voulais y croire. J’avais envie de me dire que c’était réel. Mais je chasse mes questionnements pour revenir sur la petite vie de ma nièce. « Cette sensation doit te manquer mais parfois les garçons sont étrangement compliqués. Je crois que tu comptais pour lui mais parfois la vie est trop compliquée et on passe à côté de l’essentiel. Mais cesse de te préoccuper à son sujet. Mais j’espère pouvoir rencontrer ton gang et de faire leur connaissance. Je suis sûre et certaine que ce sont des gens bien. Tu ne peux que choisir ton entourage avec goût. Tu fais des bêtises avec eux ? Tu transgresses les règles ou vous êtes des enfants sages ? » J’espérais que comme toute adolescente digne de ce nom, elle faisait la folle. J’espérais qu’elle faisait la fête sans se soucier totalement de ce qui pourrait arriver demain. C’était la période de la vie où on pouvait vivre à fond et elle se devait d’en profiter.

L’espoir était un bien rare et précieux que nous nous devions de cultiver avec soin. Ce sentiment m’avait guidée tout au long de mon existence pour me permettre de garder la foi qu’un jour, je serais pleinement libre de mes actions et de mes choix. Je m’y étais tellement accrochée que j’en avais aussi compris la fragilité. Un rien pouvait le briser et nous n’y pouvions pas grand-chose. Sans personne sur qui compter, avec des déceptions, on pouvait vite se sentir dans une impasse. Je voulais donc la rassurer en lui assurant qu’avec une famille comme la nôtre, elle n’aurait jamais à se sentir seule. Je me mords la lèvre pour ne pas trop exulter de joie car je peux voir dans son regard qu’elle comprend ce que je veux dire et qu’elle sait que nous sommes à ses côtés. Je suis l’épaule sur laquelle elle pourra toujours se reposer. Je serre sa main très doucement sentant une bouffée d’amour envahir mon cœur. « Je ne te le dis pas très souvent mais je t’aime Hope. Tu es ma nièce préférée. » Je ponctue ma phrase d’un petit éclat de rire en lui adressant un clin d’œil complice. Elle ne pouvait souffrir d’aucune concurrence compte tenu que je n’avais pas d’autre neveu ou nièce. Elle était d’une sagesse qui m’ébranlait quelque peu, j’allais sans doute me répéter. Je me retiens donc de le lui dire. Je regarde nos verres et je prends une gorgée. Cela me brûle la gorge et je frissonne. La sensation revigorante me donne un sacré coup de fouet. Je rigole légèrement alors que je sens la chaleur me monter aux joues. Je dois avoir aussi le bout du nez rougi. Je suis extrêmement sensible aux effets de l’alcool et je me sens presque immédiatement enivrée. Je savoure le goût qui me brûle le palais. J’ai soudain un peu plus chaud et je souris légèrement alors que je ne culpabilise pas le moins du monde d’amener ma nièce à boire. Il n’y a rien de bien méchant, ce n’est plus une enfant. Elle est assez grande pour pouvoir trinquer avec sa tante. Jeune d’esprit, je me veux ouverte et je préfère qu’elle fasse devant moi que plutôt dans mon dos. Je me sens légère et amusée mais soudain je deviens bien plus sérieuse alors que le climat change du tout au tout.

Je la regarde avec une surprise flagrante lorsque les objets de la table valsent. « Je m’en doute bien. » Je me demande si j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ou fait une erreur. Mais rapidement, le jour se fait dans mon esprit et je comprends ce qui se passe. Cela n’a rien à voir avec moi ou avec la situation. Je maudis intérieurement ces satanées sorcières qui se jouent de nous. Je ne sais pas comment réagir sentant une certaine violence bouillonner en moi. Je prends une voix très posée et rassurante pour murmurer. « Respire profondément ma chérie. Ferme les yeux et oublie tout le reste. Ne te concentre que sur ma voix, c’est tout ce qui compte. Prends de profondes inspirations et expire longuement. » J’espère que cela permettra de l’aider à garder le contrôle mais son regard est toujours celui de l’animal qui demande à sortir pour faire un véritable carnage. Je comprends le risque que cela représente et je me lève d’un bond. Je la prends doucement par la main et l’attire à ma suite. Je veux l’éloigner de la foule avant de m’engouffrer dans un hangar désaffecté. Je la lâche avant de la fixer longuement. Je murmure la voix rauque. « Défoule-toi si tu en as besoin. Ici rien ne peut arriver. Tu ne peux faire aucune victime. » Je la regarde avec beaucoup de douceur peinant à garder mon assurance alors que le pouvoir bouillonne dans mes veines au point d’en être douloureux. Je grimace légèrement ne sachant pas bien comment canaliser cette énergie. Je nous entoure d’une bulle protectrice sentant que les choses peuvent dégénérer en un clin d’œil. Je ne sais pas si je devrais avoir peur ou non et je guette la réaction de ma nièce.