J'ai peur de vos fuck*ng orages bordel !

Il faisait nuit noire lorsque brusquement, un éclair déchira le ciel pour aller s’abattre plus loin, dans le Bayou. L’instant d’après, un bruit sourd, semblable à une déflagration, qui se répercute sur les murs des maisons aux alentours. Le silence s’abat en suite, comme la mort et la peste. C’est comme si subitement, à l’approche d’un tel événement météorologique, la Terre toute entière s’était pétrifiée. Un instant plus tard, un autre éclair vint s’abattre non loin de la ville, dans un grondement plus féroce que le précédent. Tout cela n’annonçait rien de bon et il était désormais plus que certain qu’un orage était sur le point de s’abattre sur la ville encore bien animée en ce doux vendredi soir.

Aiden leva les yeux vers le ciel, inquiète. Il était tard et elle venait de quitter son poste à l’hôpital. Elle qui espérait se rendre chez elle pour profiter d’une soirée au calme et d’un bon bain chaud voit ses plans subitement contrariés. La pluie, en une fine bruine, s’abattait doucement sur la Nouvelle-Orléans. Pourtant ce matin, en consultant la météo, elle n’avait rien vu de particulier s’annoncer. A croire que les scientifiques eux-mêmes n’étaient plus capables de prédire une météo stable à cause de ce foutu réchauffement climatique. Nerveusement elle pensa au dernier discours de ce débile de président américain et elle tiqua. Crétin pas fini qu’il était, de dire que tout était de la faute des chinois ! En soupirant, elle décida qu’elle devait rentrer avant que la pluie ne décide de se transformer en torrent tombant du ciel. Après tout, elle habitait carrément à l’opposé de la ville et à pied, elle allait en avoir pour un certain temps. Courageusement, elle vouta le dos, rentra sa tête dans ses épaules et commença à avancer sous la pluie. L’eau était froide, presque glacée.

Vingt minutes plus tard, elle était totalement trempée et commençait à avoir vraiment froid. Elle tentait de courir dans les rues désormais désertes de la ville mais le vent et la pluie l’empêchait d’avancer très vite. A chaque fois qu’elle respirait, elle buvait la tasse, manquant à chaque fois de se noyer avec l’eau qui stagnait sur son visage. C’était un temps apocalyptique comme ceux que l’on voyait dans les films du dimanche soir à la télévision. Le vent s’était levé, et avec lui la pluie n’avait cessé accroître en férocité, s’abattant sur son pauvre corps frêle et trempé avec une rage sans limite. L’orage était désormais juste au-dessus de sa tête et, Aiden qui ne les appréciait guère en temps normal était à la limite de se mettre à pleurer.

Le salut se présenta sous la forme d’une rue pleine d’habitations qu’elle connaissait. Enfin, pas qu’elle la connaisse particulièrement, mais elle connaissait tout du moins quelqu’un qui vivait ici : Maléfique. Les deux femmes n’étaient pas les deux meilleures amies du monde, certes, cependant, elles avaient très bien sympathisé autour d’un verre et désormais, elles se retrouvaient régulièrement dans des barres pour boire. Enfin, c’était surtout Aiden qui buvait, parce que Maléfique ne semblait pas subir les effets de l’alcool contrairement à elle. C’était d’ailleurs ce qui avait rapidement mis la puce à l’oreille de la jeune asiatique qui avait deviné que l’autre était très probablement une vampire. Elles n’en avaient jamais parlé, mais Aiden avait toujours veillé à ne pas froisser l’autre, au risque de se retrouver avec la gorge arrachée. Ainsi, si elle avait apprit que Maléfique habitait ici au détour d’une conversation, elle n’avait jamais cherché à lui rendre la moindre visite de courtoisie.

Alors il était là, le dilemme. Prenait-elle le risque de se rendre chez une vampire et de la déranger -se mettant ainsi en danger tout autant que la fois ou elle avait sauvé une autre vampire d’une traque de chasseurs- ou continuait-elle sa route, sous l’orage, en prenant cette fois-ci le risque de tomber malade et de finir foudroyer ? Et à bien y réfléchir, Aiden avait probablement plus peur d’un orage que d’un vampire assoiffé de sang. Ce qui était paradoxal en soit, c’était que bien moins de gens mourraient d’orages que tués par des suceurs de sang. Un énième éclair déchirant le ciel hâta sa réflexion et d’un pas déterminé, elle décida de se rendre chez sa compagne de beuverie. Après tout, elles s’étaient plutôt bien rapprochées durant la macabre soirée au Rousseau, non ? Ni d’une ni de deux, elle se retrouva sur le pallier de cette dernière et décida de frapper à la porte, le cœur battant. « Malefique ? C’est Aiden ! »  Bon, bien sûr, ce n’était peut-être pas la meilleure manière de s’annoncer. Mais là elle commençait vraiment à avoir la trouille de rester dehors. Alors tant pis si elle ressemblait à un chien mouillé, tant pis si elle dégoulinait d’eau et grelotait. Elle avait besoin d’un peu d’aide.

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( Pando )

Ce n’était pas la première fois qu’Aiden jouait à défier son instinct de survie en se retrouvant seule avec un vampire. La première fois, elle avait donné de son sang à une blonde qui s’était ensuite précipité vers la première porte de sortie possible sans dire grand-chose. A croire qu’elle ne ratait pas une occasion de se mettre en situation de danger et de défier la petite voix dans sa tête qui lui hurlait de se méfier du monde surnaturel l’entourant. Malefique était un danger. Mais un danger qu’Aiden voulait prendre le risque de côtoyer régulièrement sans toutefois savoir pourquoi. Il faut dire qu’elle incarnait tout ce que la jeune asiatique n’était pas ; elle était belle -de ces beautés sauvages que l’on croise parfois dans la rue et qui font tourner la tête, probablement très intelligente et sûre d’elle. Il émanait de la vampire une sorte d’assurance incroyable que seuls les vampires étaient capables de posséder et qu’elle-même incarnait à la perfection. A tel point qu’Aiden était incapable de déterminer si elle appréciait ou non la vampire rousse.  Enfin si, quelque part, elle devait reconnaitre qu’en plus de l’envier, elle lui trouvait quelque chose de sympathique qu’elle avait découvert au Rousseau. Et depuis, la jeune médecin légiste aimait croiser la route de la vampire.

Alors, lorsqu’elle lui ouvrit la porte, son petit cœur d’humaine se serra et elle hoqueta doucement. Elle était trempée jusqu’aux os et tremblait de froid, mais à l’intérieur d’elle, quelque chose s’alluma doucement. Une sorte de feu bienveillant et réchauffant qui la fit se sentir plus à l’aise et qui força la petite voix dans sa tête à se taire. « Aiden. C'est vraiment une bonne surprise que tu es en train de me faire, mais je t'en prie ma belle, entre donc. » C’était presque doux, et surprenant, que la vampire s’adresse à elle de la sorte, mais sur l’instant, ça lui fit un bien fou. Faible mortelle qu’elle était, pleine de doutes et d’insécurités, elle avait besoin que l’on prenne soin d’elle. Lentement elle fit un pas en avant et entra à l’intérieur. Elle resta sur le paillasson cependant pour éviter de tout salir sur son passage. « Je suis vraiment désolée de débarquer comme ça sans prévenir. »  Elle hoqueta de nouveau. Bon sang, elle était vraiment morte de froid à cause de ce débile d’orage ! Elle s’empressa donc de poursuivre : « Je ne veux surtout pas te déranger mais il y a un orage dehors et… »  Devait-elle seulement lui avouer au risque de paraître totalement ridicule ? Elle fixa la vampire rousse et avala sa salive avant de songer qu’elle devait déjà avoir l’air bête depuis bien longtemps. Penaude elle baissa les yeux avant d’avouer : « Et j’ai peur. »

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( Pando )