He met Marmalade down in Old New Orleans • Stevie [-18]

Méfiance. Telle était le sentiment qui dominait dans mon esprit torturé. J’étais en proie à des sentiments complexes que je parvenais à peine à comprendre. J’étais tout bonnement incapable de les identifier alors que j’étais prise dans un paradoxe dont j’étais incapable de m’extirper. J’étais en proie tantôt à une forme de haine profonde tantôt à une nostalgie de cet amour qui me hantait. Je me refusais de succomber à nouveau à ses douces variations qui pouvaient réveiller un cœur endormi. Mes émotions m’échappaient et c’était une valse sans queue ni tête dans ma caboche. Je me sentais malade comme une toxicomane qui tente de se libérer de son addiction. Mais je ne voulais pas réellement cesser de me droguer. Il était la faiblesse dans mon armure mais cela me rendait plus humaine et vivante que je n’aurais pu l’être par tout autre moyen. Dans le fond, c’était une dépendance toxique mais de celle qui pouvait aussi sauver mon âme des Ténèbres. Il était mon unique chance de rédemption mais cela ne signifiait pas que j’étais déjà prête à le faire. Je n’étais pas disposée à être sauvée en l’état actuel des choses. J’avais encore du chemin à parcourir pour accepter ce qui habitait mon âme torturée et faire preuve à toute cette culpabilité qui pouvait habiter mon cœur. La méfiance régnait donc dans mon cœur alors que je redoutais qu’une concurrente ne vienne me voler cette place privilégiée dans le cœur de l’inaccessible hybride originel. Je redoutais que les charmes d’une demoiselle plus conciliante que moi ne viennent apaiser le vide dans le cœur de celui dont la solitude est trop lourde à porter. Chaque femme me semblait suspecte pour peu qu’elle soit un tant soit peu sexy et jolie. Il devait avoir les hormones en rut et cela devait expliquer pourquoi il éprouvait le besoin de fréquenter ce vulgaire bar à putes. Cela suscitait à la fois ma jolie et ma curiosité. Je me devais de découvrir l’ampleur des charmes de ma rivale.

Je regarde la devanture pendant de longs instants, indécise. Je ne parviens pas à me décider à entrer redoutant ce que je pourrais y découvrir. Je cherche en moi le courage qui pourtant tarde à venir. J’ai entendu tout et n’importe quoi sur cet établissement peu recommandable mais je voulais pourtant m’approcher de son éclat luxueux. Je voulais me fourvoyer dans la luxure de ses attraits. Je finis par éclater d’un rire dément me moquant de ma propre personne. J’en devenais tout bonnement pathétique. Je finis par me calmer et la démarche à la fois fière et assurée, je pénètre dans le lieu dédié au sexe. Je regarde ce qui m’entoure avec une attention particulière tirant instinctivement sur mon décolleté avant d’aborder une femme plus dévêtue qu’habillée. Je l’hypnotise avant de dire la voix enrouée. « Salut ma jolie. Apporte-moi ta boisson la plus forte et rejoins-moi pour que l’on puisse discuter et plus si affinités. Au passage, fais savoir que je compte me servir mais sans payer. » Je vais m’installer dans une chambre du rez de chaussée attendant patiemment que la belle ne me rejoigne. Je pianote sur le bord du lit attendant patiemment que la grande maîtresse de ses lieux ne vienne me remettre à ma place pour avoir refusé de payer mon dû. Je chantonne un sourire aux lèvres. La chanson me semble coller parfaitement au lieu : « Lady Marmalade. » Le jeu était lancé et j’avais une proposition des plus intéressantes à proposer à la grande maquerelle de ses lieux si elle daignait venir à moi. Je commençais lentement à perdre patience.

La manipulation était devenue un don que je pratiquais avec autant d’aisance que la compulsion. Je voulais que l’on murmure que j’étais ici afin de me retrouver face à celle qui régnait en maîtresse sur ces lieux. Ne pas payer ? Cela n’avait jamais été dans mes intentions. C’était un petit appât pour parvenir à mes fins même si je n’avais pas une idée très précise de ce que j’espérais de cette petite confrontation. La maîtresse de cet endroit de perdition rôdait un peu trop autour de ce qui était ma propriété quand bien même je me refusais à l’admettre de vive voix. Je me devais de garder un œil sur ces échanges qui m’apparaissaient comme des plus suspects. Un fin sourire étire mes lèvres alors pourtant qu’intérieurement un feu bouillonnant me ronge les entrailles. La patience n’était pas dans mes cordes, pas dans cet état de délabrement mental qui me caractérisait depuis mon éveil sur ce simulacre de la Nouvelle-Orléans. L’odeur si familière de ses rues ne caressait plus ma peau pour y diffuser une douce chaleur causée par tous les souvenirs heureux. Que pourraient penser mon oncle, mon frère s’ils me voyaient en cet instant ? L’être aimé jadis avait péri dans les flammes de la rancœur pour devenir le monstre sanguinaire contre qui ce cher Kieran s’était battu toute sa vie pour les tenir loin de ces humaines si pathétiques de vulnérabilité. Au plus profond de mon être, la honte rongeait mon âme mais j’avais éteint cette humanité qui m’aurait fait monter les larmes aux yeux. Je secoue la tête pour chasser les images surgies de ces réminiscences qui me font trembler de la tête aux pieds. Mes lèvres se posent sur la coupe du nectar qui m’apporte un réconfort éphémère et illusoire. Je ferme les yeux pour les ouvrir à la seconde où la porte se ferme. Ma langue claque sur mon palais en un signe de désapprobation devant l’hostilité qui pointe dans la voix de la maquerelle. Je fronce les sourcils d’énervement alors que sa beauté me brûle les yeux distillant le poison d’une jalousie maladive. « Alors voilà donc la petite hybride qui règne sur ce lieu de luxure. Je vois que mon petit message a porté ses fruits. » Je fouille dans mon sac ridiculement petit pour en sortir un billet d’un montant généreux que je pose sur l’oreiller avant de lui adresser un sourire entendu.

Je prends le temps de la détailler de la tête aux pieds pour me forger une opinion à son sujet. Alors la reine des lieux n’est pas insensible au charme féminin ? Je n’en suis même pas surprise mais cela me donne envie d’en jouer alors que mon intérêt ne peut être suscité que par l’hybride originel lui-même. Je ne peux m’empêcher d’éclater de rire à te remarque. « Une chance oui mais je ne sais pas si c’est pour toi ou pour moi. Je suis ravie que tu aies pris la peine de venir à moi car je n’ai pas débarqué en ce lieu bien loin de mes centres d’intérêt par pur hasard. Je veux quelque chose de toi. » Je m’étire légèrement alors que l’agacement cède place à l’amusement. Son petit air agacé donnait un éclat à son regard. Elle semblait futée et je ne pouvais que me sentir curieuse à son sujet. En plus, elle semblait avoir un sacré tempérament. Les affaires étaient les affaires et je l’avais bien compris. « L’agacement qui se lit dans tes yeux est charmant. Il te rend désirable et plus intéressante que toutes ces poupées sans cervelles prêtes à dire oui à tout pour un peu d’argent. Elles ne m’intéressent pas. » Je me relève rapidement pour user de ma vitesse vampirique afin de venir poser mes mains de part et d’autre de sa jolie petite tête. Ma langue parcourt mes lèvres avec une forme d’appétit mais pour quoi ? Son sang ? Son corps ? C’était une excellente question. Je ne demande pas tandis que mes mains viennent effleurer sensuellement les courbes de la jeune femme, enfin jeune tout est relatif. Je viens glisser mes lèvres le long de son cou pour remonter vers son oreille et je murmure avec calme. « Je veux t’offrir mes services. Je ne veux pas d’argent en échange. C’est juste plus intéressant pour moi. Je peux aguicher, provoquer, susciter le désir mais mon corps n’appartient qu’à moi. Tu m’offres un toit et en échange je te rapporte de l’argent et même… je peux t’apporter du plaisir si tu le désires. » Je viens mordiller son cou mais sans percer sa peau alors que ma main se pose sur sa hanche. Je savais que je jouais avec le feu mais cela me fait me sentir tellement vivante.

Notre petite joute verbale m’excitait au plus haut point. J’y prenais un malin plaisir mais j’avais conscience que je ne pouvais maintenir le suspens beaucoup plus longtemps sans que cela ne finisse par nous conduire toute deux à l’agacement. « Je n’ai jamais prétendu faire dans la discrétion. J’avais envie de faire du bruit, de me faire remarquer. La discrétion me correspondait avant cette nouvelle vie, plus maintenant. » Abattre mes cartes pour dévoiler mon jeu. L’autoriser à découvrir la personnalité fêlée qui se cachait sous mes airs d’ange depuis que le démon du sang possédait mon corps et mes pulsions. J’étais avide et la petite poupée était devenue incontrôlable. Je n’étais plus si simple à gérer et cela ne pouvait que davantage pimenter nos échanges. « Je ne le nie pas que j’aurais pu faire dans la simplicité en envoyant simplement ton homme te chercher pour t’amener à moi. Mais cela aurait impliqué que je sois une personne simple, ce qui n’est nullement le cas. Je suis complexe. C’est ainsi. » Je me vantais de cet aspect de ma personnalité et pourtant j’en souffrais à certains instants. Je regrettais de ne pas parvenir à simplement assumer de rester moi-même, la fille qui était innocente. Je n’étais plus capable de faire preuve d’humanité éprouvant la sensation d’avoir le cœur gelé depuis que tout n’était devenu que souffrance dans mon existence. J’avais perdu tous mes repères. Je ne savais plus ce que je voulais mais pourtant, j’étais prête à en jouer le jeu. « Tu penses qu’il n’est pas dans mes moyens ? C’est là où tu te trompes. Je peux me permettre de louer tes services. Et peut-être que je me trompe sur tes petites poupées mais aucune ne peut dégager la même aura que moi. Je n’ai plus rien à perdre dans l’existence alors je suis totalement imprévisible et surtout je peux me relever bien utile, charmeuse. » Je bas des cils espérant lui donner envie de me croire sans même chercher à comprendre ce qui pouvait bien me motiver. Elle ne devait pas découvrir quelle passion m’animait, celle de percer à jour les sombres dessins de mon roi, ce qui l’avait amené en ce lieu de perdition redoutant que cela puisse être les charmes d’une de ces demoiselles.
Avec conviction, j’affirme curieuse en sa présence. « Je n’ai qu’une parole. Je tiens à préciser que le jour où je veux partir, je partirai tout simplement. Je tiendrai mes engagements mais je dicte mes propres règles, mes limites. Tant que ça te rapporte, je suppose que cela ne posera nullement problème. » Ma voix se veut charmeuse. Elle est tentatrice cherchant à maintenir sa curiosité bien éveillée. Je voulais que son intérêt reste vif et si je pouvais la maintenir sous mon charme, je sentais que j’avais tout à y gagner. Manipulation, ce mot sonnait doucement à mes oreilles. Je glousse légèrement. « La Première Dame de ce lieu, ce rôle pourrait me plaire. Je ne te trahirai pas. Je ne te donnerai aucun coup dans le dos. Je ne veux pas être attachée par une chaîne mais je ferai en sorte que l’argent coule à flot pour toi ma reine. Je ferai tout pour que tu sois comblée comme tu le mérites et que ton plaisir soit toujours contenter. Je travaille pour toi ma reine mais je reste libre, compris ? Je ne voudrais pas avoir à te détruire pour reconquérir ma liberté. » Un grognement sourd franchit ma gorge à son mordillement dans le cou. J’aime la sensation que cela me procure et je songe un instant m’abandonner à cet instant de luxure et de débauche. Je n’avais jamais succombé à l’appel de la chaire avec nul autre que Klaus depuis que nos destins s’étaient scellés. Pourrais-je me laisser tenter sans éprouver la terrible sensation de le trahir ? Je doutais de moi-même et je le dissimulais sous des mots provocants. « Oh et je tiens à préciser que si tu penses pouvoir me tuer, je doute fort que ton maître n’apprécie. Ce plaisir lui est exclusivement destiné. Et la mort ne me fait pas peur. Maintenant, si nous scellions notre entente ? » Mes lèvres viennent effleurer les siennes alors que je pose brusquement ma main sur sa poitrine. Je me fais osée la titillant pour tester ses limites.

Pas facile à cerner, je voulais me cultiver une part de mystère. Je me refusais à être un livre ouvert que chacun pouvait deviner au moindre regard. Et j’appréciais que la reine de ces lieux puisse le reconnaître. Je ne pensais à elle que comme une rivale alors que je pénétrais dans son établissement mais je ne m’attendais pas à me trouver face à une telle personnalité. Elle a un petit quelque chose de captivant qui suscite mon intérêt. Je suis curieuse de découvrir quelle emprise je peux exercer sur son corps. Je sentais qu’il y avait une ouverture et j’avais envie d’en profiter et de découvrir où cela pourrait nous mener. « Te le prouver ? Mais dis-moi comment je pourrais te le prouver ? Je pourrais te donner un baiser qui te couperait le souffle comme jamais ou alors je pourrais t’apporter une clientèle du genre qui possède les plus grandes fortunes. J’ai quelques connaissances. Et ce que j’ai à perdre ne m’appartient même pas donc on peut dire que je l’ai déjà perdu. » J’aurais pu rougir de son aveu mais je n’étais plus si facile à émoustiller. Mais quoiqu’il en soit, je trouvais la rougeur de ses joues charmante. Elle me donnait envie de réellement m’abandonner dans ses bras sans chercher à jouer un jeu. Je comprenais pourquoi elle était la déesse en ces lieux. Je me mordille la lèvre avant de murmurer comme un aveu. « Je me sens toute émoustillée de savoir que mon charme ne te laisse pas insensible. » Etais-je honnête avec moi-même en affirmant qu’il n’était question que d’un jeu ? Je me mentais à moi-même car la convoitise grandissant dans mon regard était tout ce qu’il y a de plus sincère. J’avais envie de toucher ce corps alors que je n’avais jamais été une adepte du corps des femmes. J’étais supposée me servir d’elle mais tout devenait plus flou. Je n’étais plus si sûre de moi. Mais avant de pouvoir même songer à m’abandonner, je me devais de clarifier les termes de notre accord. Je voulais m’assurer que je n’allais pas m’emprisonner dans une entente qui pourrait me détruire.

Son allusion sur l’utilisation que je pourrais faire de mes cuisses m’arrache un sourire. Je ne comptais les écarter pour aucun de ces clients mais je leur ferais payer pour avoir le plaisir de simplement les effleurer. Les faire saliver et courir pour mes beaux yeux. Leur faire espérer que je leur porte le moindre intérêt mais préserver mon corps. Tout cela n’aurait pas la moindre importance car je comptais bien la rendre riche. Je me fais toujours aussi séductrice. « Je savais que je parlais à une femme dont la sagesse n’était pas que légende. Ce choix me comble et je ferai tout pour que tu n’aies pas à le regretter. Je remplirai tes poches et couvrirai ton cou divin de diamants. » Mes doigts effleurent doucement la peau diaphane et soyeuse. Je ne peux m’empêcher de rêver de lui glisser autour du coup un collier divin digne de sa beauté comme une preuve égoïste que j’ai su dompter ce corps de rêve. Je viens y poser quelques délicats baisers alors que mon corps semble devenir incandescent. J’ai terriblement chaud et je ressens une étrange moiteur. Ma voix est rauque et mes mots sont soufflés au creux de son oreille. « Ma liberté m’est précieuse et ma parole l’est encore plus. Je respecterai cet engagement car toi la plus belle de ce lieu, tu m’as fait le cadeau de m’accorder ta confiance. Je ne me sens pas forcée de m’incliner face à toi et cela augmente mon désir de faire briller tes yeux de bonheur. Je ne convoite pas ce qui est tien mais je veux simplement l’enrichir ma reine. » Je ferme les yeux perdant lentement la tête sous son baiser passionné. Je laisse ma langue venant caresser la sienne. J’ose finalement laisser ma main venir caresser le galbe parfait de ses fesses l’attirant lentement vers moi. Mon autre main vient effleurer ses flancs alors que je mords soudainement sa lèvre pour goûter son sang échappant un grognement de satisfaction. Je pose timidement ma main sur sa poitrine venant chercher dans son regard l’assurance qu’elle désire m’appartenir pleinement, toute entière.